La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid contraint les établissements accueillant des personnes âgées à adapter leurs pratiques. Afin de répondre au besoin d’accompagnement des équipes sur le plan éthique, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’autonomie, a confié une mission au philosophe et éthicien Fabrice Gzil. Le 2 février 2021, celui-ci lui a remis un document-repère intitulé « Pendant la pandémie et après : quelle éthique dans les établissements accueillant des citoyens âgés ? ».
« Protéger sans isoler », c’est le cap fixé par le Gouvernement pour affronter la crise dans les EHPAD. Sur le terrain, c’est aux professionnels de prendre les décisions qui en découlent. Fabrice Gzil le rappelle : « Les acteurs de terrain, de proximité, sont les seuls à être en capacité d’évaluer les situations et de proposer des stratégies adaptées. »
La mission de l’éthicien est de les accompagner dans cette tâche difficile : « Nous proposons avec humilité aux équipes de terrain des repères, dont nous espérons qu’ils pourront soutenir leur engagement et leurs questionnements. »
Pendant deux mois, il a mené une enquête nationale auprès de 1 800 professionnels des établissements accompagnant des personnes âgées, représentant plus de 35 métiers différents. Le document qui en résulte attire l’attention sur dix points :
- lutter contre le virus sans renoncer à accompagner de manière globale et personnalisée ;
- favoriser autant que possible l’information, l’expression et le libre choix des résidents ;
- préserver les liens et la confiance avec les familles ;
- réduire au maximum les contraintes et les restrictions de liberté ;
- prendre en compte les spécificités des personnes ayant des troubles neurocognitifs ;
- accompagner les mourants, honorer les défunts, prendre soin des endeuillés ;
- soutenir les collègues, prendre soin des équipes ;
- privilégier les décisions fondées sur des savoirs, collégiales et associant les usagers ;
- assumer ses responsabilités dans un contexte anxiogène et incertain ;
- préserver un espace pour la pensée et inscrire le questionnement éthique dans la durée.
Pour Brigitte Bourguignon, ce document « constitue l’un des piliers de la sortie de crise mais aussi de “l’après crise” ».