Les représentants du secteur du grand âge continuent d’alerter sur la dégradation financière des EHPAD. Après l’enquête de la Fédération hospitalière de France (FHF), c’est la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA), dans le numéro n° 21 de Repères statistiques, qui fait le bilan sur la situation budgétaire des EHPAD publics et privés non lucratifs.
D’après les chiffres publiés par la CNSA, 60,3 % des EHPAD étaient en déficit en 2022, contre 49,3 % en 2021. Parmi eux, 32 % avaient un déficit supérieur à 5 % de leurs recettes. Les EHPAD publics étaient les plus touchés avec 64,5 % en déficit, contre 54,3 % pour les EHPAD privés non lucratifs.
Plusieurs causes expliquent cette dégradation. Tout d’abord, la baisse du taux d’occupation des places en EHPAD a eu un impact significatif. Celui-ci est passé de 96,2 % en 2017-2018 à 92,9 % en 2022. Cette baisse s’explique par la crise sanitaire du COVID-19 et les révélations de pratiques déviantes dans certains établissements. En comparaison aux taux d’occupation de 2017 et 2018, le manque à gagner en 2022 s’élève à environ 327,4 millions d’euros.
Ensuite, la forte inflation en 2022 a également contribué à la dégradation budgétaire. Les charges de fonctionnement des EHPAD ont augmenté de 6,8 % en 2022 contre 1,3 % en 2021. De plus, les charges de personnel ont continué à croître en raison des mesures de revalorisation des rémunérations et du recours accru à l’intérim, qui a augmenté de 21,6 % en 2022.
Les recettes des EHPAD ont également augmenté, mais pas suffisamment pour compenser la hausse des charges. En 2022, la hausse s’élevait à 3,4 %, principalement grâce à l’augmentation de la contribution des résidents (+3,6 %). Cependant, cette hausse ne compense pas la baisse des financements liés au soin et à la dépendance due à la baisse du taux d’occupation.
Ainsi, malgré l’augmentation des financements publics, les EHPAD peinent à équilibrer leurs budgets, ce qui soulève des questions sur la viabilité financière à long terme de ces établissements.