Les coûts de la dépendance et des soins à la hausse
Si l’augmentation du degré de dépendance des résidents est un enjeu en termes de qualité de la prise en charge, il constitue également un facteur de coûts pour les établissements.
L’Observatoire annuel des Ehpad, publié par le cabinet KPMG, décrypte les principaux ratios économiques des structures accueillant des personnes âgées dépendantes. Dans son édition 2012, il met en évidence une augmentation du niveau de dépendance des résidents entre 2007 et 2010 et, par conséquent, une augmentation du coût de la prise en charge1.
Ainsi, les établissements du panel affichaient un niveau de GMP [Gir (Groupes iso-ressources) moyen pondéré] moyen de 575 en 2007, de 590 en 2008 et qui atteignait 620 en 2010. Plus le niveau de dépendance est élevé, plus le coût net moyen journalier de prise en charge augmente. En 2010, le coût d’une journée d’hébergement par résident (charges nettes hébergement / capacité autorisée) s’élevait en moyenne à 42 euros pour un résident, soit un niveau stable par rapport au dernier Observatoire. En revanche, le coût de la dépendance, qui comprend les dépenses liées à la prise en charge de la perte d’autonomie, est en augmentation. Il s’établissait par jour et par résident à 12,57 euros en moyenne (GIR 3-4) contre 8,81 euros en 2008. Et pour le GIR 1-2, à 18,87 euros contre 15,05 euros en 2008.
Coût net moyen d’un résident : 2416 €€ mensuels
Le coût des soins, qui inclut le personnel médical et les dépenses médicales courantes, est également en hausse. Il était de 24,5 euros par jour et par résident, contre 22,20 euros en 2008. Le coût net moyen d’un résident était de 2 416 € par mois, soit 79,2 € par jour. « Le coût des fournitures médicales est 2,5 fois plus élevé pour les établissements avec une Pharmacie à usage intérieur (PUI). Le coût des fournitures médicales par an à la charge de l’établissement, ramené au résident, est de 990 € dans un Ehpad avec PUI contre 382 € dans un Ehpad sans PUI », précise également l’Observatoire. Et de souligner que le coût des fournitures médicales pour un établissement est étroitement corrélé avec le niveau du Gir moyen pondéré soins (GMPS).
En 2010, les établissements employaient en moyenne 0,57 équivalent temps plein par lit, soit un niveau identique à celui de 2008. À noter qu’il existe une distinction importante selon le statut juridique : 0,64 pour les Ehpad publics et 0,55 pour les Ehpad privés non lucratifs. « 90 % des dépenses de la section soins et dépendance sont des dépenses de personnel. Ces dernières représentent 60 % de la section hébergement. L’enjeu pour les établissements est d’assurer des prestations de qualité dans un contexte de pressions budgétaires. Il est donc difficile pour les établissements d’agir sur cette variable ressources humaines pour réduire les coûts de fonctionnement de l’établissement. Les fonctions supports peuvent être mutualisées mais pas le personnel chargé de la prise en charge quotidienne des résidents », souligne Irène Scolan, directrice nationale adjointe Économie sociale et solidaire de KPMG.
Selon l’étude, la situation financière des établissements est globalement saine. Néanmoins, près d’un tiers d’entre eux présentent un niveau de fonds de roulement net global inférieur à 70 jours d’exploitation. « Les entités gestionnaires de ces établissements peuvent apporter un soutien en trésorerie », nuance toutefois Irène Scolan.
1 L’enquête porte sur les comptes de l’exercice 2010. Elle a été réalisée sur un échantillon de 169 établissements publics (20 %) ou privés à but non lucratif (80 %). Tous ces établissements sont situés hors d’Île-de-France.