Identifiée comme filière industrielle d’avenir pour la France par le ministère du Redressement productif, avec à sa tête Arnaud Montebourg, la Silver economy est accueillie positivement par les acteurs du secteur… Lesquels regrettent, toutefois, de n’être que peu associés à son développement. 

Alain Villez, Uniopss.

« La Silver economy peut être un enjeu pour les Ehpad car tout ce qui concerne la généralisation de la domotique et d’un certain nombre d’aides techniques, afin de donner davantage d’autonomie et de liberté d’aller et venir au résident mais aussi d’accompagner le soignant, va dans le bon sens. Cela dit, gardons à l’esprit que cela ne remplacera pas le personnel d’accompagnement et de soin. Par ailleurs, nous sommes un peu déçus de la façon dont a été conçue cette filière à laquelle on a oublié de nous intégrer. Cela lui donne une connotation industrielle et commerciale déconnectée de toutes les stratégies liées à l’accompagnement et aux soins. C’est dommage. »

Adeline Leberche, Fehap.

« Cela sera surtout utile au domicile. Le fait d’investir dans un projet, quel qu’il soit, se heurtera au problème financier car ces produits sont financés par les usagers ou la prestation APA. Quel sera le mode de financement de tous ces nouveaux produits alors que la population âgée sera, dans les années à venir, moins riche que les retraités d’aujourd’hui ? Ce dont les gens ont avant tout besoin, c’est d’une aide humaine et c’est dans ce sens qu’évoluent beaucoup les plans d’aide. C’est un vrai débat de société qui dépasse la seule problématique de la perte d’autonomie : derrière, se cache la question de la solvabilité des personnes. C’est bien que le projet de loi sur le vieillissement de la population traite aussi de ce problème-là via l’APA mais, dans ce contexte, cela ne suffira pas. »

Didier Sapy, Fnaqpa.

« Le démarrage de cette filière est plutôt satisfaisant. Mais, indépendamment de leur mission dans les comités de filière, les établissements doivent revendiquer leur rôle d’acteurs économiques, à travers des représentations nationales ou des relations en direct avec des industriels, car eux savent quels sont les produits intéressants et bénéfiques pour la personne âgée. Ce rôle de prescripteur, voire d’acheteur va être de plus en plus important. Ce travail doit être fait en bonne intelligence entre les développeurs, les industriels, les utilisateurs, les prescripteurs et leurs représentants. »

 

La Silver Valley, une vitrine pour des produits d’avenir Créé, toute proportions gardée, sur le même modèle que la Silicon Valley, berceau de l’économie numérique en Californie, le pôle d’innovation de l’économie du vieillissement d’Ivry-sur-Seine (94), baptisée Silver Valley, se veut l’antichambre de l’économie grise. Lancé au début de l’été 2013 et porté par le cluster (regroupement d’entreprises) Soliage, ce pôle d’excellence situé à proximité de l’hôpital Charles Foix, fleuron européen de la gérontologie, compte 50 entreprises et 645 emplois et mise, à terme, sur un potentiel de 300 entreprises et 5 000 emplois. Ainsi donc, sur 5 000 mètres carrés, une pépinière de start-up, un hôtel d’entreprises et un showroom serviront à créer un « écosystème propice à l’innovation, l’échange et l’obtention de financements », dixit Jérôme Arnaud, Président de Soliage et PDG de Doro, une société spécialisée dans la téléphonie adaptée. Il s’agit aussi et surtout à créer une vitrine de la « marque » Silver economy made in France… histoire de séduire les financeurs. Et le jeu semble en valoir la chandelle puisque, si l’on en croit le ministère du Redressement productif, « en 2015, 53 % de la demande française sera le fait des seniors ».