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Douleurs et pansements Non classé

Panser les plaies, repenser les douleurs

Le Dr Sylvie Meaume, Présidente de la Société française et francophone des plaies et cicatrisation (SFFPC), et Murielle Vergoot, infirmière libérale titulaire d’un Diplôme universitaire (DU) Plaies et cicatrisation, expliquent comment réduire la douleur lors des changements de pansement. L’objectif : améliorer la qualité du soin et la qualité de vie des résidents d’Ehpad porteurs de plaies.

Comment réduire la douleur lors des changements de pansement des plaies ? Telle était la question posée au Dr Sylvie Meaume, chef de service de gériatrie au sein de l’unité Plaies et cicatrisation de l’Hôpital Rothschild (Paris) et Présidente de la Société française et francophone des plaies et cicatrisation (SFFPC), à l’occasion du congrès du Centre national de ressources de lutte contre la douleur (CNRD) organisé le 14 octobre dernier à Paris. Elle a d’abord rappelé que « les qualités du soignant et le respect de certaines règles lors des procédures de soins restent tout aussi indispensables que le matériel utilisé ». Et d’ajouter que « le problème de la douleur s’envisage différemment selon la nature et la taille de la plaie ou encore le contexte de la prise en charge », à l’hôpital, à domicile ou en maison de retraite1. Il s’appréhende aussi différemment selon l’âge, le sexe, les croyances et l’histoire de vie de la personne âgée.

Préparer le soin

Murielle Vergoot, infirmière libérale dans le Nord, partage cette analyse. « La première chose est de mettre la personne en confiance puis de l’interroger sur l’origine de la plaie et sur l’existence d’éventuelles douleurs », explique-t-elle, sachant qu’un « soignant stressé sera stressant pour le soigné ». Il est également important de préparer l’environnement dans lequel le soin sera réalisé. « Réunissez tout le matériel nécessaire pour ne pas avoir à vous absenter en cours de procédure. Installez le malade confortablement, pour lui comme pour vous. Choisissez un endroit éclairé ou envisagez un éclairage d’appoint. Expliquez avec des mots simples ce qui va être fait. Prévenez lorsque vous débutez la procédure et annoncez lorsque cela peut être douloureux », a conseillé le Dr Sylvie Meaume aux infirmiers. Par ailleurs, si le retrait du pansement et le nettoyage des plaies risquent d’accroître des douleurs déjà existantes, en cas d’ulcère de jambes par exemple, la prise d’une interdose d’antidouleur en amont du soin peut s’avérer utile.

Évaluer la douleur

L’évaluation régulière de la douleur (localisation, intensité, type, lien éventuel avec une procédure particulière) doit accompagner tout soin de plaie, insistent les deux expertes. Différents outils d’évaluation de la douleur existent, adaptés au degré de conscience et de communication de chaque senior : des échelles visuelles, numériques, analogiques ou comportementales (telles que l’Échelle comportementale pour personnes âgées – ou ECPA – utilisée en gériatrie pour des personnes présentant des troubles de la parole). Cette évaluation permet d’adapter le soin et le traitement antidouleur mais aussi d’assurer une traçabilité et un suivi de l’évolution de l’état du résident.

Réaliser le soin

Lors du soin, discuter avec le résident de la météo, de sa famille etc. permet de détourner son attention notamment lors du retrait des pansements et du nettoyage des plaies souvent ressentis comme douloureux. Pour atténuer cette douleur, « le bain à l’eau tiède est proposé pour les plaies des membres inférieurs et des pieds, ajoute le Dr Meaume. La douche convient aux plaies étendues et n’est pratiquement jamais contre-indiquée chez les personnes porteuses de plaies chroniques, bien au contraire. Elle permet d’associer soins d’hygiène et soins de plaie et procure à ces personnes un sentiment agréable même si ce temps peut s’avérer fatigant lorsqu’elles sont très âgées et/ou fragiles. » Et, en toutes circonstances, « prenez votre temps et évitez toute manipulation inutile ou toute exposition prolongée de la plaie à l’air qui stimule les terminaisons nerveuses et déclenche des douleurs », détaille-t-elle.

Choisir le pansement

De manière générale, la technique du pansement doit être maîtrisée, notamment pour choisir au mieux le pansement à utiliser (pansements anatomiques pour les plaies aux articulations, pansements de haute technologie qui, contrairement aux compresses et tulles, sont non traumatiques au retrait et non allergisants etc.). « Reconsidérez systématiquement le choix du pansement s’il fait saigner la plaie où endommage la peau périphérique et envisagez systématiquement l’usage de pansements modernes qui maintiennent une certaine humidité au niveau de la plaie sans provoquer de macération, suggère le Dr Meaume. Suivez les indications des fabricants pour l’application et le retrait des pansements. Par exemple, un pansement adhésif doit être ôté en tirant le pansement parallèlement à la peau et non perpendiculairement ! » Au risque, sinon, d’engendrer de nouvelles plaies et douleurs. D’où l’intérêt, rappelle Murielle Vergoot, de se former dans le cadre du Développement professionnel continu (DPC) ou de congrès régionaux ou nationaux comme la Conférence nationale des Plaies et cicatrisations organisée chaque année à Paris, par exemple.

Nathalie Ratel

1 Tous les conseils du Dr Sylvie Meaume figurent dans le document intitulé « Comment réduire la douleur lors des changements de pansements ? ». Un texte mis en ligne sur le site Internet du CNRD (cnrf.fr), rubrique « Journées du CNRD », sous-rubrique « 2013 ».

 

La douleur a aussi son utilité

La douleur peut être le signe d’une complication. Une douleur osseuse peut, par exemple, être le signe d’une infection profonde. « Les douleurs peuvent nous aider à poser un diagnostic à confirmer auprès du médecin traitant (ou du médecin coordonnateur, N.D.L.R.), voire à déterminer les causes de la plaie, affirme Murielle Vergoot, Idel titulaire d’un Diplôme universitaire (DU) Plaies et cicatrisation. Si une personne a mal lorsqu’une infirmière lui met des bandes de contention afin de limiter son œdème, cette dernière peut alerter le médecin traitant et l’orienter vers la prescription d’un écho-doppler artériel, par exemple. »

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