En 2011, la directrice de l’Ehpad Saint-Camille (70 lits) à Verquin (62) a failli s’étrangler : pour l’enlèvement des ordures de l’établissement, la communauté de communes de Béthune lui réclamait 27 000 euros ! Deux ans plus tard, la démarche mise en place par Véronique Yvart a réduit la note par cinq.
« Nous faisions déjà du tri sélectif de cartons, de papiers et de bouteilles en plastique. Nous les donnions à une association locale qui venait toutes les semaines les récupérer pour les valoriser », explique Véronique Yvart. Mais la facture salée de 27 000 euros présentée par la communauté de communes en 2011 a eu l’effet d’un électrochoc. L’établissement étant en liaison froide, il ne produit donc pas de déchets alimentaires et la question de leur élimination ou de leur compostage ne s’est donc pas posée. En revanche, le tri s’est systématisé au sein de l’établissement pour les autres types de déchet. « Nous trions les vêtements des résidents et les proposons à d’autres s’ils sont encore utilisables. Dans le cas contraire, nous les portons aux bornes-relais », explique la directrice.
La fin de la méthode artisanale
Reste qu’aujourd’hui, le produit du tri de la résidence a en grande partie abandonné le don aux associations locales pour privilégier toutes les pistes de valorisation financière : « Nous avons ajouté les plastiques d’emballage et les bouchons de bouteille et trié tout le métal pour le revendre. Nous compactons les plastiques et métaux malléables en balles de récupération que nous amenons à la société Gibert, près de Béthune, laquelle valorise aussi notre bois et les cartons amenés écrasés et ficelés. » C’est la même société qui loue les containers à l’Ehpad pour les déchets non recyclables (déchets organiques, protections usagées). Sise dans un grand parc, la résidence fait également du compost avec ses déchets verts : « Nous disposons d’une broyeuse et d’une tour de mulching. Nous stockons donc l’herbe tondue et les produits de l’élagage pour faire des paillages au pied des parterres l’hiver », décrit Véronique Yvart.
Une division par quatre des volumes
Deux ans plus tard, quel est le bilan de la démarche ? « Le compactage nous a permis de réduire par quatre le volume de nos déchets, réduisant d’autant le nombre de passage des collecteurs d’ordures. En 2013, nous avons payé 5 000 euros pour la collecte des poubelles », se réjouit la directrice. Seule ombre au tableau : la dépendance des résidents s’aggravant, le volume des changes usés pèse de plus en plus dans les poubelles.
Comment élaborer une bonne gestion de ses déchets ?> Caractériser les déchets Autrement dit, savoir de quoi on parle. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a développé la méthode Modecom dont les premières étapes sont applicables en Ehpad. Il s’agit d’identifier tous les endroits et toutes les activités qui produisent des déchets, d’en extraire des échantillons qui sont ensuite passés au tamis. L’appareil est composé de grilles de plus en plus fines qui retiennent les déchets : il est alors possible de distinguer les différentes matières et d’en évaluer le volume. « Cette étape est confiée à des bureaux d’études mais l’Ademe peut apporter un soutien technique et méthodologique pour préciser le cahier des charges », souligne Raphaël Guaspavi, de l’Ademe. > Déterminer un plan d’action Selon leur nature et leur volume, les déchets subiront des traitements différents. C’est l’étape où il convient d’identifier les gestes qui permettent de ne plus produire certains déchets, les différentes filières de tri à mettre en place et les outils à éventuellement acquérir. > Faut-il s’équiper d’un composteur ? « L’appareil en lui-même a peu d’importance. Ce qui compte, c’est de se former aux bonnes méthodes du compostage pour produire un compost de qualité réutilisable », souligne l’expert de l’Ademe. |
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