Les initiatives sont nombreuses dans les Ehpad. En voici certaines qui illustrent la variété des solutions possibles. Des solutions à s’approprier et à adapter au contexte de l’établissement (lieu, taux d’encadrement, locaux, besoins des résidents) et aux goûts des personnes qui pourraient en bénéficier et les mettre en œuvre.
Des boîtes d’activités pour faciliter les relations résidents/famille – Résidence de la Plaine, Thénezay (Deux-Sèvres).
Certaines familles vivent difficilement les visites à leur parent institutionnalisé et semblent perturbées, tristes, sujettes à un sentiment d’impuissance lors de leur départ. Elles ne savent pas toujours comment aborder la relation avec la personne et appréhender les troubles de celle-ci. Des boîtes d’activités ont donc été mises en place au sein de la Résidence de la Plaine pour faciliter la communication entre les familles et leur proche malade. « Nous avons, après une réflexion d’équipe et des entretiens avec certaines familles concernées, formalisé des activités existantes au sein de l’établissement (esthétique, jardinage, cuisine…) dans des boîtes d’activités regroupées dans un seul endroit, explique la direction de l’Ehpad. En plus de ces activités existantes, certaines activités ont été ajoutées – constitution d’un arbre généalogique, d’un album photos, d’un livre de vie… – en s’appuyant sur les capacités préservées des personnes malades. »
Des clowns pour rire à nouveau – Ehpad du Centre hospitalier de Graulhet (Tarn).
La venue d’un duo de clowns dans les chambres permet aux résidents les plus touchés par la maladie ainsi qu’aux familles de revivre des moments de légèreté, de convivialité. Les deux comédiens sont des professionnels travaillant en synergie avec l’équipe de soignants.
« La mise en place de notre Pasa expérimental a eu des effets bénéfiques sur les résidents » – Jean Davy, Directeur de l’Ehpad Tharreau à Cholet (Maine-et-Loire).
« Nous avons mis en place, dès le mois de janvier 2013, un Pôle d’activités et de soins adaptés (Pasa) expérimental qui dispose aujourd’hui d’une file active de 20 à 25 résidents. C’est un espace d’accueil de jour de 25 mètres carré qui nous permet de tester nos capacités en termes d’accompagnement de nos résidents atteints de maladie neuro-dégénératives et, ainsi, de nous préparer au mieux pour la création de notre futur Pasa qui, lui, sera labellisé par l’Agence régionale de santé. Il est composé d’une petite cuisine et d’un salon-salle à manger pour pouvoir préparer et déguster des repas, organiser des goûters, prendre un café et discuter. Il est décoré de meubles d’occasion dénichés sur le site web leboncoin.com , de lustres et de rideaux, ainsi que d’un revêtement en imitation de parquet et de petits tableaux dans l’entrée. L’objectif était de rendre l’endroit familier et apaisant. Les professionnels qui interviennent dans ce Pôle ne portent pas de blouse. De fait, la mise en place de notre Pasa expérimental a eu des effets bénéfiques sur les résidents. Ces derniers ont bien repéré les lieux. Ils apprécient l’espace calme, convivial et non institutionnel. Je pense en outre que la démarche volontariste dont nous avons fait preuve a pesé en notre faveur pour obtenir des moyens supplémentaires lors de la renégociation de notre convention tripartite. Nous avons ainsi pu recruter deux aides soignantes ainsi qu’une aide médico-psychologique et nous avons pu augmenter le temps de présence de certains intervenants, notamment des psychologues. »
« Les équipes sont en tenue professionnelle au moment des toilettes mais en tenue civile à l’occasion des activités » – Laurence Dufour, directrice de l’Ehpad Arpage Saint-Genest à Nevers (Nièvres).
« Nous avons créé, au sein de l’Arpage Saint-Genest, une unité de vie adaptée de douze places qui reçoit des personnes présentant des troubles liés à la maladie d’Alzheimer ou à une maladie apparentée. Notre objectif est ainsi d’améliorer la qualité de vie des résidents en leur proposant un environnement au plus proche de leurs besoins, dans l’esprit du domicile, et d’utiliser l’environnement comme un support d’accompagnement. L’unité a de fait été aménagée en associant les résidents et leurs familles. Le mobilier a d’ailleurs été choisi par les résidents à l’occasion de sorties avec les équipes de l’Ehpad.
L’unité est composée notamment d’un espace cuisine permettant la mise en place d’activités autour des repas auxquelles les résidents peuvent participer : faire la cuisine, participer aux courses en dehors de l’Ehpad avec les équipes, mettre la table… L’unité dispose aussi d’un salon et d’un espace réservé aux activités diverses. Elle s’ouvre également sur un espace extérieur, offrant la possibilité aux résidents de jardiner et de se promener dans un espace sécurisé.
L’ouverture sur l’extérieur est très importante. Nous organisons d’ailleurs régulièrement des sorties en dehors de l’établissement (jardin, musée…) auxquelles l’ensemble des résidents de l’Ehpad peut prendre part.
L’accompagnement au sein de cette unité de vie adaptée est entièrement basé sur une relation aidant-aidé entre les résidents et les équipes. Les séances de balnéothérapie, les séances au sein de l’espace Snoezelen ainsi que les repas partagés entre les résidents et les équipes contribuent fortement à cette relation. Les équipes sont en tenue professionnelle au moment des toilettes mais en tenue civile à l’occasion des activités afin d’instaurer une relation plus duale avec les résidents, davantage construite sur la confiance. Et les résidents semblent, depuis, bénéficier d’une meilleure qualité de vie. »
Un jardin ouvert sur l’extérieur – Résidence Edilys Madeleine à Lyon (Rhône).
La structure se veut ouverte sur le quartier et ses habitants : le jardin de l’unité Cantou de la Résidence Edilys Madeleine est ainsi délimité par une clôture d’arbustes espacés, ce qui permet aux résidents de rester en contact avec les habitants et les enfants des écoles avoisinantes qui passent dans la rue très fréquentée. Les familles et les résidents des autres services fréquentent régulièrement ce jardin pour boire un café, préparer des semis ou confectionner une salade de fruits. C’est ainsi l’occasion d’échanges qui, sinon, ne se feraient pas spontanément. En outre, les riverains ayant été avertis et sensibilisés de la création de ce jardin et à la présence de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie
apparentée, ils sont à mêmes de reconduire les personnes désorientées et égarées auprès des équipes de l’Ehpad.
Autres sources d’inspiration, françaises mais aussi étrangères
– « L’identité retrouvée : nouveaux liens, nouvelles solidarités pour une autre approche de la maladie d’Alzheimer », guide élaboré par Marie-Jo Guisset-Martinez, responsable du pôle Initiatives locales au sein de la Fondation Médéric Alzheimer, avec la collaboration de Marion Villez ;
– Le site web de la Fondation Médéric Alzheimer (www.fondation-mederic-alzheimer.org) rubrique « Soutien à l’innovation de terrain » où sont répertoriées et détaillées, chaque année, les initiatives des acteurs de terrain dont celles des Ehpad, certaines ayant été récompensées par une subvention ou un prix.
Egalement au sommaire du dossier
– Alzheimer : individualiser pour mieux accompagner
– Interview de Marie-Odile Desana, présidente de France Alzheimer
– Un œil sur l’étranger : l’exemple de la Belgique