L’Ehpad qui mise sur la formation continue de ses équipes prouve aux professionnels comme aux résidents qu’il mise aussi sur un réel projet de bientraitance. Un état d’esprit qui se révèle être un argument de poids quand il s’agit de recruter et de fidéliser les équipes.
La formation continue1 est le moyen, pour les professionnels des Ehpad, de parfaire leurs connaissances et leurs compétences dans un secteur évolutif, de développer leur savoir-faire et leur savoir-être. « Elle favorise et valorise la compétence des professionnel(le)s qui peuvent ainsi acquérir une véritable spécialisation, comme celle d’infirmière gériatrique en Ehpad, confirme le Dr Hervé Zacharie, médecin coordonnateur au sein de deux maisons de retraite médicalisées dans la Drôme et formatrice au sein de la société Formepad. Cette spécialisation doit bien entendu s’appuyer sur des formations pragmatiques, c’est-à-dire pratiques et concrètes, qui correspondent aux situations que les professionnels rencontrent au quotidien, sur des thèmes aussi variés que la nutrition, la douleur, les chutes, les fugues, la fin de vie en Ehpad, la démence et les troubles comportementaux associés etc. »
D’où l’intérêt de privilégier les formations effectuées au sein même des Ehpad afin de permettre au formateur d’adapter son intervention aux contraintes et aux atouts de chaque structure. Et, surtout, de s’appuyer sur le projet d’établissement, les besoins des résidents et les attentes des professionnels (identifiées à l’occasion des entretiens individuels réalisés annuellement) pour programmer des formations efficaces et cohérentes.
Aider les professionnels à se préserver
Par ailleurs, le secteur des Ehpad est quasiment aussi accidentogène que le secteur du bâtiment. Selon les chiffres de la Caisse nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), l’indice de fréquence des accidents du travail en Ehpad, c’est-à-dire le nombre moyen d’accidents du travail ayant donné lieu à un arrêt de travail sur une année pour 1 000 salariés, est de 47,1 contre 48,1 dans le bâtiment, sachant que la moyenne nationale, toutes professions confondues, est de 35. « Les résidents accueillis en Ehpad sont de plus en plus âgés et de plus en dépendants physiquement et psychiquement. Les conditions de travail des équipes sont donc de plus en plus éprouvantes », ajoute Claudy Jarry, Président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa). Les risques de lombalgie et de Troubles musculo-squelettiques (TMS), de chute, de fatigue, de stress, de mal-être et de dépression sont donc réels. Parmi la pluralité de réflexions et d’actions qui peuvent être mises en œuvre sur le sujet (concernant les locaux, les équipements à disposition, l’organisation des équipes, la possibilité de faire de vraies pauses, la création de groupes de parole etc.), la formation peut aider les professionnels à se préserver (voir encadré).
Des formations relatives aux droits de la personne âgée
En outre, les profils des résidents se diversifient. « Certains résidents sont atteints de maladies neurodégénératives type Alzheimer, sont porteurs de virus type virus du Sida ou de l’Hépatite C, ont vécu dans la rue ou en prison, souligne le Président de la Fnadepa. D’autres, sont en couple ou sont homosexuels. Ils ont des besoins et/ou des attentes particulières qui doivent être pris en compte et les professionnels – toutes catégories confondues – sont en première ligne. La formation est un bon moyen d’adapter les prises en charge et de les rendre plus singulières. » Sans compter que, bientôt, les générations issues des Trente Glorieuses arriveront en Ehpad avec un certain nombre d’exigences nouvelles. « Elles s’attendront à ce que l’Ehpad respecte leurs goûts en terme d’animation et leur rythme de vie par exemple en termes d’heures de lever, de repas et de coucher, détaille Claudy Jarry. Les personnels affectés au ménage et à la restauration devront faire évoluer leurs pratiques professionnelles et leurs compétences au même titre que les aides-soignants et les infirmiers. »
Dès lors, les formations relatives aux droits de la personne âgée en institution ou celles permettant de s’approprier les recommandations de bonnes pratiques de l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) peuvent aider les professionnels à faire le point sur différentes problématiques : Comment aborder les résidents ? Faut-il porter la blouse blanche en toutes circonstances ? Faut-il laisser la porte des chambres ouverte en permanence ou faut-il la fermer et frapper avant d’entrer ?
1 Il existe trois types de formation continue : validante (longue), thématique et ponctuelle (une journée ou deux) et enfin, interne (une demi-heure ou une heure), c’est-à-dire organisée par le médecin coordonnateur à partir d’une problématique rencontrée dans l’établissement pour remotiver les équipes et les resensibiliser aux protocoles existants et aux bonnes pratiques.
Pour aller plus loin
- « Les démarches de prévention en Ehpad : de l’analyse de situations de travail, facteurs de TMS et RPS, au plan d’actions »
– « Guide méthodologique pour la prévention des risques psychosociaux dans le médico-social »
Fascicules disponibles sur le site Internet www.sante-securite-paca.org