Poser la question de ce qui fait un bon directeur d’Ehpad, c’est s’interroger sur ce qui fait qu’un établissement fonctionne plus ou moins bien. En effet, c’est à ses dirigeants, et d’abord au premier d’entre eux, qu’il incombe de donner l’impulsion positive nécessaire au bien-être des résidents et de leur famille, à celui des équipes ainsi qu’à la bonne marche de l’établissement. Une tâche loin d’être aisée mais qui reste passionnante et, le plus souvent, gratifiante.
Le métier de directeur d’Ehpad a indéniablement évolué au cours de ces dernières années, tant dans les missions qu’il recouvre que dans les compétences qu’il requiert. Ainsi le métier s’est-il professionnalisé. Changement de la législation, évolution des besoins, regroupement et diversification des services d’accueil proposés… : de nombreuses mutations ont profondément influé sur la fonction de directeur et la manière de la remplir. Aujourd’hui, le directeur d’Ehpad doit gérer avec le même professionnalisme et les mêmes compétences les ressources humaines de l’établissement que ses relations avec les institutions et les autorités de tutelle mais aussi celles qui le lient aux résidents et à leur famille qu’à ses fournisseurs. Il est également le garant de la sécurité du bâti, de celle de ses résidents et de leur bientraitance, mais aussi le responsable de la situation financière et comptable de la structure. Autant de charges auxquelles s’ajoutent la gestion des risques et celle du projet d’établissement. Dans ce secteur très dynamique qu’est le médico-social, et particulièrement celui des personnes âgées, les compétences demandées aux directeurs d’établissements sont à la fois de plus en plus exigeantes et pointues et ce, malgré des moyens humains et financiers toujours plus contraints.
L’humain avant tout
Mais, sans l’humain, ces compétences demeurent vaines et inutiles : patience, écoute, pondération, bienveillance, compréhension, capacité à mener des hommes et des femmes, dynamisme, fermeté… Le bon directeur d’Ehpad doit-il donc être un saint ? La question pourrait presque sembler légitime. Pour Pascal Champvert, Président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (Ad-PA), pas besoin d’aller jusqu’à la canonisation pour accomplir au mieux sa tâche : « Un bon directeur est celui qui a une vraie vision de l’aide aux personnes âgées et qui se concentre sur la meilleure qualité de vie à offrir aux personnes qu’il accompagne. Parallèlement et de manière indissociable, il doit savoir organiser et appliquer cette vision concrètement et avec ses équipes. »
Un mot d’ordre non négociable : ne pas rester seul
Plus encore, le bon directeur d’Ehpad est celui qui, conscient de la lourde tâche qui lui incombe, met tout en œuvre pour la vivre et la gérer du mieux possible. A lui de faire sien ce principe socratique : « connais-toi toi-même ». Il faut entendre par là connaître ses limites et savoir prendre soin de soi pour mieux prendre soin de ses résidents et de ses équipes. L’isolement peut en effet guetter le directeur d’Ehpad (comme quiconque occupe un poste à responsabilités) et est source d’épuisement. Le directeur, s’il est maître à bord de son établissement, n’est pas seul : la formation continue peut notamment lui permettre de sortir ou d’éviter l’isolement, de partager ses expériences et d’avoir une vision élargie de son métier et de ses problématiques. Recourir à un soutien psychologique peut également être une soupape, un moyen de prendre du recul sur son métier et sur l’environnement dans lequel on évolue.