A l’occasion des élections, présidentielle et législative, 2017, Ehpad Magazine fait le point sur les propositions des principaux candidats – François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan – relatives à la prise en charge de la dépendance. Dans un contexte de contraintes budgétaires, le secteur émet de fortes attentes en direction du futur locataire de l’Elysée et du futur gouvernement.
Les propositions de François Fillon, Les Républicains
François Fillon, le candidat Les Républicains souhaite « encourager la généralisation d’une couverture assurantielle dépendance privée sur une base volontaire ». Cette couverture individuelle serait assortie d’incitations permettant aux particuliers de déduire de leurs impôts une part de leur cotisationà une assurance dépendance.
Le candidat propose également d’harmoniser « les processus d’instruction, de décision et de contrôle de l’APA qui sont trop différents selon les départements ». Il propose également d’augmenter le nombre d’établissements mais sans préciser de chiffre.
Il privilégie la prévention « contre toute forme de dépendance», sans plus de détails, et prévoit de lancer « une grande campagne nationale pour financer la recherche sur la maladie d’Alzheimer ». Il veut « faire de l’aide aux personnes âgées une priorité de l’engagement de service civique, étendu pour cette action spécifique aux plus de 25 ans ».et définir une forme souple du volontariat associatif afin d’aider les personnes âgées dans leur quotidien.
Les propositions de Benoît Hamon, Parti socialiste
Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste propose d’encourager la création de places dans les Ehpad habilités à recevoir l’aide sociale, car « eux seuls
peuvent offrir des tarifs abordables».
« Nous devrons aussi renforcer la présence de personnels soignants dans les établissements. Nous entendons trop souvent les personnels d’Ehpad se désoler d’être en nombre insuffisant pour s’occuper aussi dignement qu’ils le souhaiteraient des résidents. Il faut les entendre. La tension qu’on leur impose, et à leurs budgets, n’est pas compatible avec l’attention requise par ceux dont ils ont la charge. Là où il y a de la tension, il ne peut y avoir d’attention. Un milliard d’euros de crédits d’assurance maladie sera consacré durant le quinquennat au renforcement des effectifs soignants, se traduira par 4 ou 5 aides-soignants supplémentaires par établissement », déclare Benoît Hamon à Ehpad Magazine.
Le candidat socialiste envisage la création d’une « Allocation bien vieillir en Ehpad ». Le principe ? Fusionner « l’ensemble des aides existantes (APA, Aide sociale, APL, crédit d’impôts), pour créer une allocation qui viendra prendre en charge, de manière dégressive avec les revenus, une partie importante du coût d’hébergement. »
Les propositions de Marine Le Pen, Front national
La candidate du Front national veut créer « un cinquième risque de sécurité sociale consacré à la dépendance afin de permettre à chaque Français de
se soigner et de vivre dans la dignité » financé par les 15 milliards d’euros d’économies qu’elle compte réaliser grâce à une meilleure gestion du système
de protection sociale.
Les propositions d’Emmanuel Macron, En Marche !
Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche ! propose la mise en œuvre d’un plan de 5 milliards d’euros pour améliorer l’accompagnement de la perte d’autonomie. Le candidat se positionne en faveur du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes.
« De nombreuses mesures visent encore plus directement un meilleur accompagnement de la dépendance en favorisant le maintien à domicile et, quand ce n’est plus possible, en améliorant la vie quotidienne et la prise en charge médicale dans les différents établissements d’accueil. Favoriser le maintien à domicile doit être la priorité : avant tout parce que c’est le souhait des personnes concernées et de leurs proches, mais aussi parce que cette solution est plus humaine, plus efficace, moins coûteuse et donc plus réaliste et « soutenable » dans la durée », considère le candidat dans un courrier adressé à l’association France Dépendance.
Emmanuel Macron entend faciliter « le retour à domicile des personnes en situation de perte d’autonomie », soutenir et développer « les solutions d’hospitalisation à domicile et de maintien à domicile pour éviter les hospitalisations inutiles et favoriser le confort des patients les plus fragiles». Il suggère d’encourager « toutes les formes d’habitat inclusif et partagé, et en particulier l’hébergement intergénérationnel » ainsi que les réseaux d’aide à la personne, et veut « accélérer le décloisonnement entre la ville et l’hôpital d’une part, et les secteurs sanitaire et social d’autre part ».
Les propositions de Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise
Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France Insoumise veut créer 10 000 places par an en Ehpad pendant le mandat, avec des tarifs accessibles, soit 50 000 places pendant le mandat. Il veut par ailleurs développer un réseau public de maisons de retraite avec des tarifs harmonisés et prévoit de diminuer de 500 euros par mois le reste à charge pour les personnes qui choisissent de rejoindre un établissement. Les personnes âgées qui préfèrent rester à domicile verront augmenter de 50 % le montant de leur Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA). (500 euros par mois restant à la charge de la personne).
« S’agissant plus particulièrement du secteur médico-social, la transition épidémiologique que nous connaissons (explosion des maladies chroniques
et augmentation significative du nombre de personnes dépendantes) nous oblige à renforcer significativement ce secteur. Ni complètement social ni
complètement médical, le secteur médico-social est longtemps resté un impensé des politiques publiques. Il s’agit donc comme nous le proposons d’augmenter les moyens dans ce domaine en améliorant la qualité de la formation, le niveau des rémunérations et les conditions de travail. Il est urgent de rendre les métiers attractifs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », souligne Jean-Luc Mélenchon.
Ce que pense Jean-Luc Mélenchon de la loi ASV
« S’agissant de la loi ASV, cette loi augmente les plafonds d’aide de l’APA et limite la participation pour les personnes dépendantes les plus pauvres.
Cela va dans le bon sens, mais reste très cosmétique au regard de l’enjeu de société que représente la dépendance. Elle introduit également la «transparence » sur les tarifs des EHPAD et le reste à charge pour les personnes. Cela est tout à fait insuffisant : les prix, bien que transparents resteront les mêmes. Il est nécessaire d’augmenter le nombre d’établissements publics et d’harmoniser les tarifs, comme pour les services de santé, à des prix
accessibles. Il faut aller vers un service public du soin dans lequel la prise en charge de la dépendance aura toute sa place. Nous proposons par ailleurs de former, qualifier et recruter en nombre suffisant le personnel nécessaire à la prise en charge de la dépendance, soit au moins 100 000 personnes. Dans le même temps, nous opérerons une refonte des grilles de rémunération et de qualifications pour valoriser les métiers de prise en charge de la perte d’autonomie. »
Les propositions de Nicolas Dupont-Aignan, Debout La France
Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout La France entend faire voter par le Parlement une grande loi de programmation pluriannuelle sur l’autonomie.
« Alors que la population française vieillit et que des besoins nouveaux (les évolutions épidémiologiques et démographiques en cours engendrent de nouvelles dépenses) apparaissent, il parait nécessaire de prévoir 5 milliards d’euros supplémentaires au cours du prochain quinquennat, financés de deux façons :
• Une économie de 2 milliards d’€ liée aux 3 millions de journées d’hospitalisation des personnes âgées que certains jugent inutiles (à 700 €).
• 3 milliards d’€ liés à la lutte contre les fraudes sociales et fiscales estimées entre 60 et 80 milliards d’€ par an. »
« Une grande loi de programmation pluriannuelle sur l’autonomie permettra de définir les objectifs à cinq ans que le pays se fixe pour relever le grand
défi de la perte d’autonomie. Elle devra évidemment prendre en compte les évolutions épidémiologiques et démographiques en cours, mais elle visera surtout à coordonner l’action des divers acteurs et à définir les moyens qu’ils mettront en œuvre ensemble pour concourir à l’atteinte de ces objectifs, dans le cadre d’une véritable politique publique pour favoriser l’autonomie des personnes âgées »
Ce que pense Nicolas Dupont-Aignan de la loi ASV
« La loi de 2015 « d’adaptation de la société au vieillissement » n’est pas suffisante et néglige des pans entiers de la question, qu’il est pourtant important
de considérer, comme la formation des professionnels de santé et de services à la personne, l’adaptation de l’habitat et des structures d’accueil, la prévention et l’éducation thérapeutique, la prise en charge des maladies chroniques qui sont souvent à l’origine de la perte d’autonomie. La préservation de l’autonomie et la lutte contre la dépendance doivent être considérées comme une grande cause nationale. De façon plus générale, il faut mettre en place un dispositif « zéro absence de solution » pour la prise en charge de la perte d’autonomie lorsque la solution de l’accueil en établissement est choisie ou lorsqu’elle s’impose. La coordination des acteurs de la prise en charge et un suivi personnalisé doivent être favorisés et, au besoin, mieux organisés et mieux financés.» Le candidat de Debout la France envisage dans son programme d’« augmenter les effectifs des aides-soignants et des aides médicaux psychologiques en EHPAD, mettre en place quelques lits de soins palliatifs en EHPAD avec présence d’une infirmière toutes les nuits dans l’établissement, ceci pour limiter aussi l’engorgement des urgences de l’hôpital avec les personnes âgées. Plus généralement, il faut renforcer les synergies entre les EPHAD et les hôpitaux afin d’éviter de fermer ces derniers. »
Alice Dumont