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Claire Mounoury Portrait

« Faire quelque chose qui ressemble à la vraie vie »

À la tête de l’Ehpad Nazareth à Orléans (45), Claire Mounoury s’efforce d’en préserver l’identité et la richesse des rapports qui lient le personnel aux résidents.

 

« J’ai coutume de dire que je suis née dans une maison de retraite », raconte Claire Mounoury. C’est que son histoire personnelle l’a placée très tôt au contact des personnes âgées. Au fur et à mesure que ses frères et sœurs ont pris leur envol et quitté le giron familial, sis dans les Yvelines, ses parents ont en effet réquisitionné leur chambre pour accueillir des « vieilles dames ». « À l’époque, il n’y avait évidemment pas les mêmes contraintes réglementaires qu’aujourd’hui. Une aide-soignante venait faire la toilette des pensionnaires. Moi, je faisais parfois la vaisselle ou j’allais au chevet d’une personne qui avait fait une chute en pleine nuit. Il m’est même arrivé d’habiller quelqu’un qui venait de décéder. Cela me paraissait naturel car, à mes yeux, la mort a toujours fait partie de la vie. » Une perception apaisée du trépas alimentée par une foi qui ne s’est jamais démentie.

Un ensemble de plain-pied à la manière d’un village

Après avoir convolé en justes noces au seuil de la vingtaine, Claire Mounoury entra dans la vie active en demeurant fidèle à sa prime jeunesse puisqu’elle fut enrôlée, à l’aube des années quatre-vingt-dix, par sa sœur qui venait d’ouvrir une maison de retraite à Seichebrières dans le Loiret. Elle fut d’abord affectée à la comptabilité puis son aînée lui laissa la latitude requise pour prendre les initiatives nécessaires au développement de l’établissement qui fut l’un des premiers de la région Centre a signer les toutes nouvelles conventions tripartites.

L’occasion d’acquérir in situ, en particulier dans le cadre de la loi de 2002 fondatrice sur les Ehpad, un large panel de compétences inhérentes au secteur médico-social tant en termes de gestion que de management ou de droit.

Une précieuse polyvalence validée, en 2007, par l’obtention d’un Diplôme universitaire de management des établissements et services, option personnes âgées. Elle lui valut d’être sollicitée en 2006 par le futur maire des Trois Moutiers (86) pour concevoir intégralement puis diriger un Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes pas encore sorti de terre. Une opportunité unique de remplir une feuille blanche à l’aune d’un leitmotiv : « Faire quelque chose qui ressemble à la vraie vie. » Avec, à la clef, un ensemble de plain-pied configuré en étoile, un peu à la manière d’un village, les résidents étant logés dans les ailes et se retrouvant dans les divers lieux de vie (salon de coiffure, restaurant, salon de musique…) situés en son centre.

« La foi chrétienne fait appel aux mêmes concepts que la loi de 2002 »

Des préceptes que Claire Mounoury a évidemment tenu à mettre en œuvre lorsqu’elle prit la tête de l’Ehpad Nazareth à Orléans, en 2009. Là encore, cette mère de huit enfants a eu l’opportunité d’influer sur le cours de  choses puisque lors de son arrivée, cet Ehpad associatif indépendant était en phase de restructuration, un bâtiment étant en train d’être érigé, notamment afin d’augmenter la capacité d’accueil. La nouvelle directrice en a profité pour l’orienter en particulier vers l’accueil de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de démence.

Plus largement, son discours a séduit les responsables de cette institution d’obédience catholique bien loin d’appliquer un quelconque élitisme social. « La foi chrétienne fait appel aux mêmes concepts que la loi de 2002 qui commande d’aller vers l’autre et place les résidents au centre de l’établissement. Ils sont d’ailleurs souvent surpris quand j’insiste sur le fait qu’ils n’habitent pas l’établissement du directeur mais qu’au contraire, ils sont chez eux et que c’est moi qui viens travailler chez eux. » Des mots qui dépassent la louable déclaration d’intention. Ainsi, quand Claire Mounoury a besoin d’acheter des équipements, elle ne sollicite pas des fournisseurs traditionnels d’Ehpad mais des professionnels du secteur concerné (restauration, coiffure etc.) afin que le lieu dont elle préside aux destinées soit le plus convivial et chaleureux possible. En somme, son credo se résume à une subtile formule à double sens : prendre soin d’accompagner. Sans discrimination serait-on tenter d’ajouter.

Alexandre Terrini

 

Un Ehpad de témoignage

Créé en 1927, l’Ehpad Nazareth, sis en plein cœur d’Orléans1, avait à l’origine vocation à accueillir les enseignants des écoles catholiques des environs. S’il est aujourd’hui ouvert à tous,  une convention a récemment été signée avec le diocèse à l’intention des prêtres de la région désireux d’y passer leurs vieux jours.

Cet Ehpad habilité à l’Aide sociale comporte 77 places dont une unité Alzheimer (Cantou). Le tarif journalier de base s’élève à 57 euros. Surtout, sa ligne de conduite visant notamment à favoriser au maximum la verticalisation des résidents ainsi que le respect du rythme de vie de chacun ont achevé d’asseoir sa réputation flatteuse. D’où une liste d’attente de 150 dossiers. La rançon du succès en somme.

1 85 rue du Faubourg Bannier, 45000 Orléans.

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