Le taux d’occupation (TO) en Ehpad est le nombre de résidents hébergés sur le nombre de lits autorisés. Entre 2019 et 2024, ce ratio a fortement baissé, ce que le think tank Matières grises a montré dans une note d’analyse publiée en octobre 2024.
Avant 2020, les Ehpad affichaient des taux d’occupation généralement élevés, entre 95 % et 98 %. La crise du Covid-19 a entraîné une chute brutale de 5 points dès 2020, plus précisément de 93 % en 2019 à 88 % en 2023. Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs :
- les restrictions sanitaires, qui ont empêché de nouvelles admissions pendant la pandémie ;
- des vagues de décès massifs parmi les résidents ;
- l’impact de scandales médiatisés (comme l’affaire Orpéa après la publication du livre Les Fossoyeurs) et une dégradation de l’image des Ehpad.
Toutefois, ces taux d’occupation calculés à l’échelle nationale masquent de fortes disparités régionales. Les régions les plus touchées sont l’Île-de-France, les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, avec des baisses atteignant 7 %. En revanche, des zones comme la Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire ont mieux résisté : leurs taux sont inférieurs de 3 à 3,5 % environ. Notons aussi que le secteur privé lucratif a subi une baisse plus importante que les secteurs publics ou non lucratifs.
Matières grises identifie plusieurs raisons pour lesquelles les taux d’occupation ne reviennent pas à leurs niveaux d’avant-crise :
- La stagnation temporaire du nombre des 85 ans et plus, liées au creux démographique des années 1935-1945.
- La transition vers le domicile, encouragée par des politiques publiques comme Ma Prime Adapt’.
- L’augmentation des coûts, rendant l’accès difficile pour de nombreuses familles.
En attendant la reprise démographique attendue à partir de 2028, plusieurs solutions sont proposées pour optimiser l’activité des Ehpad, notamment :
- décloisonner les offres d’hébergement temporaire et permanent ;
- ouvrir les Ehpad aux situations d’urgence (sorties d’hospitalisation, crises familiales) ;
- rendre les rapports d’évaluation accessibles pour rétablir la confiance ;
- assouplir les mécanismes de financement, comme suspendre les pénalités pour les TO inférieurs à 95 %.