Pour Joëlle Le Gall, Présidente de la Fédération nationale des associations de personnes âgées et leurs familles (Fnapaef), les rénovations ne peuvent se faire sans concertation avec les familles, les résidents, le personnel et le directeur.
Comment impliquer les résidents et leurs familles ?
Joëlle Le Gall : Par la participation aux réunions d’information définissant les nouvelles orientations des rénovations, en amont et durant tout le processus des travaux. Il est important que les familles et les résidents sachent comment l’établissement va évoluer, de quelle manière l’équipe a prévu d’aménager le nouvel Ehpad, où et comment les personnes âgées vont vivre durant les travaux et quels sont les dispositifs mis en place pour assurer une prise en charge de même qualité pendant cette période transitoire. Je crois aussi qu’il faut impliquer les résidents et les familles dans le choix des plans proposés afin de répondre au mieux aux besoins des personnes âgées. Le changement ne peut pas prendre la forme d’une injonction brusque telle que : « Vous allez quitter la chambre X pour rejoindre la chambre Y. » Enfin, faire visiter l’Ehpad aux résidents et à leurs proches au fur et à mesure de l’évolution du bâtiment est une autre étape importante. Toutes ces précautions reposent finalement sur même chose : la communication permanente entre les gestionnaires, le personnel, les résidents et les familles.
Quels écueils avez-vous pu constater lors de rénovations d’établissements ?
J. L. G. : Il y a un an et demi, une famille m’a alertée d’une situation assez choquante. Deux mois après le déménagement des personnes âgées dans un nouvel établissement suite à des rénovations, les familles ont reçu un courrier les avertissant d’une augmentation conséquente du reste à charge pour les personnes atteintes d’une maladie cognitive, soit 400 euros par mois en ce qui concerne la famille qui m’avait contactée. Les résidents et leurs familles subissent souvent les conséquences de la mise aux normes et de la rénovation des établissements car même si une partie des financements est apportée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le Conseil régional et parfois le Conseil général, les emprunts contractés par les établissements pour financer les travaux sont supportés par les résidents au travers du tarif hébergement. Et nous savons tous à quel point cela peut peser dangereusement sur certaines familles fragiles.
Comment agir avec les résidents atteints d’une pathologie cognitive ?
J. L. G. : On dit souvent de ces résidents qu’ils n’entendent et ne comprennent pas. Mais personne ne sait réellement aujourd’hui ce qu’il reste de leur capacité à entendre ou ne pas entendre car cela est très changeant. Plus on jouera la carte de la transparence et de la communication concernant leur changement de lieu de vie, plus cet échange sera constructif. Et il faudra veiller, avant que la personne n’arrive dans sa nouvelle chambre, à avoir recréé l’ensemble de son vécu avec ses objets, ses meubles et ses tableaux afin qu’elle ne soit pas déstabilisée. Nous savons en effet qu’une personne atteinte de la maladie Alzheimer ou apparentée est stressée lorsqu’elle n’a plus les repères de son cadre de vie.