Le Plan national d’action de promotion des médicaments génériques du ministère de la Santé a été présenté en mars dernier aux acteurs de la santé. Ce plan, dont le pilotage a été confié à Muriel Dahan, Inspectrice générale des Affaires sociales, définit les objectifs et les axes d’action pour renforcer la croissance des génériques au cours des trois prochaines années tout en respectant la liberté de prescription.
La promotion des médicaments génériques est au cœur de la Stratégie nationale de santé de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et de son plan d’économies pour l’Assurance maladie. C’est pourquoi la construction de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) 2015-2017 repose fortement sur le développement du marché des génériques. C’est également la raison pour laquelle l’objectif à trois ans fixé par le Plan national de promotion des médicaments génériques, présenté le 24 mars dernier, est d’augmenter en volume leur prescription de 5% dans le Répertoire des médicaments génériques, laquelle s’élève aujourd’hui à 40,1 %. Un effort qui représente une économie de 350 millions d’euros.
Des objectifs en établissement
Pour atteindre cet objectif, le Plan prévoit entre autre de renforcer la prescription et l’utilisation des médicaments génériques en Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), en lien avec le Plan national d’action pour une politique du médicament adaptée aux besoins des personnes âgées. Il entend notamment renforcer la prescription et l’utilisation des médicaments génériques en ville. Il y a tout d’abord la volonté de faire des médecins prescripteurs des acteurs de premier plan. L’obligation de prescription en DCI (Dénomination commune internationale) est entrée en vigueur pour tous les médicaments au 1er janvier 2015 et il est impératif, d’après les autorités, d’inciter à la généralisation de l’utilisation des Logiciels d’aide à la prescription (LAP), certifiés comme étant des outils facilitant la transition. Le Plan envisage en outre le renforcement des travaux visant à l’adoption d’un référentiel de prescription en DCI et de faire évoluer la Rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) pour renforcer les objectifs de prescription dans le Répertoire. Enfin, le ministère souhaite réfléchir à la conception d’un outil type répertoire des « me-too »1 pour les professionnels de santé et intégrer des objectifs dans les conventions des praticiens territoriaux de médecine ambulatoire ainsi que des nouveaux praticiens en zone isolée.
Les autorités veulent par ailleurs valoriser l’intervention des pharmaciens en poursuivant leur engagement en faveur de la substitution « responsable » et en incluant dans la future campagne d’information au grand public des messages sur les pharmaciens en les présentant notamment comme des experts du médicament.
Une recommandation de l’ANSM
Enfin, l’objectif est également de placer le patient au cœur du dispositif en utilisant toutes les voies d’amélioration de la confiance, de la continuité des traitements, de leur acceptation et de l’observance. Le ministère souhaite établir une recommandation ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) et la faire adopter au niveau européen – incitant les industriels à inscrire la DCI en plus gros sur les conditionnements de tous les médicaments, afin d’établir une correspondance plus claire et compréhensible entre la prescription et les médicaments dispensés aux patients.
Pour atteindre les objectifs fixés par le Plan, une charte d’adhésion est en cours de signature par les principaux acteurs de sa mise en œuvre afin de marquer leur accord sur un objectif commun : lever les derniers freins à l’usage des médicaments génériques pour toutes les situations où cet usage est possible.
Louise Guyon
Les autres axes du Plan national
- Outre des mesures pour le secteur ambulatoire, le Plan national prévoit également six autres axes pour la promotion des médicaments génériques :
- Renforcer la prescription et l’utilisation des médicaments génériques à l’hôpital et dans les transitions hôpital-ville.
- Mettre en œuvre une communication, une information et une formation adaptées pour renforcer la confiance des patients et des prescripteurs.
- Encourager les efforts et dissuader les entraves.
- Développer et rendre attractives la réalisation des essais et la production de médicaments en France pour accroître la confiance et capitaliser sur un domaine d’excellence.
- Développer une politique de prix et une évolution du Répertoire.
Renforcer la confiance
Le Plan national prévoit, dans son quatrième axe, des mesures pour renforcer la confiance des patients et des prescripteurs en mettant en place une communication, une information et une formation adaptées. Un point d’information unique (www.medicaments.gouv.fr), une campagne d’information grand public et la mise en place d’un dispositif d’information ambitieux font partie des mesures envisagées tout comme l’implication des internes et des jeunes praticiens (notamment médecins) aux réflexions. Le ministère souhaite également associer les sociétés savantes et les réseaux de santé à la réflexion, renforcer la formation initiale des professionnels de santé sur le médicament en général et les génériques en particulier, et compléter les orientations nationales ainsi que les programmes de DPC sur le sujet.
Les génériques en chiffres
Au début des années 1990, la part des médicaments génériques dans le marché total remboursable était de 2 % en volume. Entre 2002 et 2012, le nombre de boîtes de génériques vendues a été multiplié par trois, passant de 225 millions à 689 millions. En 2013, leur part dans le marché total remboursable a encore augmenté pour atteindre 30.9 % en volume. Mais au niveau international, malgré ses efforts, la France est restée à la même place entre 2009 et 2013 : elle se situait au septième rang mondial.