Le circuit du médicament
en cinq questions
À l’instar des établissements sanitaires, les Ehpad doivent assurer une sécurité optimale de la prise en charge médicamenteuse de leurs résidents. Mode d’emploi.
1 Qui est concerné ?
Le circuit du médicament fait partie intégrante du projet d’établissement. Ce processus de soins a gagné de l’importance du fait de la médicalisation des structures. La prise en charge des personnes âgées présentant un taux de dépendance plus élevé et souffrant de pathologies multiples augmente le nombre des médicaments consommés, en moyenne de quatre à cinq au total pour les plus de 75 ans.
Concrètement, le circuit du médicament englobe plusieurs phases : la prescription, la dispensation, la délivrance et la livraison, l’administration et la gestion des stocks. Chacune de ces étapes peut être source d’erreurs potentielles susceptibles de menacer la sécurité et la santé des résidents.
En outre, l’organisation du circuit du médicament fait intervenir un grand nombre d’acteurs, salariés de la structure ou libéraux, aux cultures professionnelles différentes : médecins, pharmaciens, infirmiers, aides-soignants, voire, dans certaines conditions pour ce qui est de l’aide à la prise des médicaments, tout autre personnel chargé de l’aide aux actes de la vie courante. Le médecin coordonnateur observe et intervient tout au long du circuit du médicament. Il lui revient notamment de le fédérer autour d’objectifs communs : la traçabilité des actes et la lutte contre l’iatrogénie (des troubles imprévisibles ou non prévus pouvant survenir à la suite de l’administration d’un médicament) en veillant notamment à la bonne adaptation des prescriptions de médicaments aux impératifs gériatriques.
2 Quels sont les enjeux ?
Le circuit du médicament est au cœur d’enjeux financiers et de sécurité dans les établissements. Il participe de façon prépondérante à la qualité des soins apportés aux résidents et vise aussi à lutter contre la iatrogénie médicamenteuse. Cette dernière est responsable de plus de 10 % des hospitalisations chez les sujets âgés et de près de 20 % chez les octogénaires.
Autre raison pour les directeurs d’établissements de se pencher avec intérêt sur cette question : le circuit du médicament est l’un des points audités lors du renouvellement des conventions tripartites pluriannuelles. Enfin, cette question sera d’autant plus prioritaire pour les Ehpad si la réforme relative aux dépenses de médicaments et à leur prise en charge financière dans les forfaits soins des établissements ne disposant pas d’une PUI se concrétise.
3 Quel mode d’approvisionnement ?
La majorité des Ehpad s’approvisionnent dans des officines sur la base des prescriptions des médecins libéraux intervenant auprès des résidents. Les établissements doivent conclure avec ces pharmacies une convention afin de garantir la qualité et la sécurité de la dispensation pharmaceutique ainsi que le bon usage des médicaments. L’arrêté relatif à la convention entre un Ehpad et un ou plusieurs pharmaciens d’officine est toujours en attente.
Les établissements ont la possibilité de s’approvisionner auprès d’une Pharmacie à usage intérieur (PUI). Cette dernière peut être gérée soit en propre par l’établissement (ce qui est souvent le cas d’établissements à statut public de grande taille) ou par l’établissement de santé auquel il est rattaché. Elle peut également être partagée avec d’autres Ehpad dans le cadre d’un Groupement de coopération sanitaire (GCS). En outre, depuis le 1er janvier 2011, les PUI peuvent être gérées dans le cadre de Groupements de coopération sociaux et médico-sociaux (GCSMS).
4 Qui prépare les doses à administrer ?
Dans 60 à 70 % des cas, la Préparation des doses à administrer (PDA) est effectuée par le personnel infirmier de l’établissement. Une mission chronophage dans un contexte de pénurie budgétaire et de sous-effectif du personnel infirmier. De fait, 20 à 25 % des structures ont fait le choix de confier à une pharmacie la préparation des médicaments. Le décret relatif à la préparation des doses à administrer et l’arrêté relatif aux bonnes pratiques des doses à administrer (conditions de réalisation, de stockage, de livraison et de transport des piluliers…) sont toujours en attente de publication. Enfin, dans 10 à 15 % des Ehpad, ceux qui possèdent une PUI, la préparation des doses à administrer est assurée par le pharmacien de l’établissement
5 Qui peut administrer les traitements ?
Selon la Haute autorité de santé (HAS), le fil conducteur de la sécurisation de l’administration médicamenteuse repose sur la règle des 5 B : « administrer au Bon patient, le Bon médicament, à la Bonne dose, sur la Bonne voie, au Bon moment ». Dans les Ehpad, l’administration des médicaments fait partie des actes que l’infirmier diplômé d’État peut prendre en charge. Cette mission peut être remplie sous sa responsabilité « avec la collaboration d’aides-soignants, d’auxiliaires de puériculture ou d’aides médico-psychologiques qu’il encadre dans les limites de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur formation ». La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) a précisé les conditions dans lesquelles les personnels des Ehpad pouvaient assister les résidents qui ne disposent pas d’une autonomie suffisante pour prendre seuls leur traitement prescrit par un médecin. L’aide à la prise des médicaments peut, à ce titre, être assurée par toute personne chargée de l’aide aux actes de la vie courante dès lors que, compte tenu de la nature du médicament, le mode de prise ne présente ni difficulté d’administration ni apprentissage particulier.
Alice Dumont
Un guide pour identifier les risquesL’Agence régionale de santé Rhône-Alpes a publié un guide d’aide à la Sécurisation du circuit du médicament pour les Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ne disposant pas de Pharmacie à usage intérieur (http://www.ars.rhonealpes.sante.fr/fileadmin/RHONEALPES/RA/Direc_hand_grand_age/Circuit_medicament_EHPAD/201203_Maquette_circuit_medicament_EHPAD.pdf). Ce document présente les grandes étapes du processus du circuit du médicament. Il rappelle non seulement les dispositions réglementaires, quand elles existent, mais formule également des recommandations relatives aux pratiques. Cet outil pédagogique comporte en outre des propositions de grilles d’autoévaluation. |