Des vacances…
mais pas pour tout le monde
On ne prête qu’aux riches. La gestion des personnels pendant la période estivale ne déroge pas à la règle et dépend des moyens de l’établissement.
Céline Fabre, directrice des ressources humaines du groupe DomusVi joue l’apaisement : « Toutes catégories confondues, la part des personnels permanents en congé sur une même période n’excède pas 15 à 20 %. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés n’atteignent pas des proportions telles qu’elles mettraient en difficulté nos structures. On est très loin des a priori que l’on peut avoir sur le sujet. »
Comment est-ce possible ? En employant des techniques connues : outre les traditionnelles heures supplémentaires, lisser au maximum les absences tout au long de l’année. Ensuite, compter sur la bonne intelligence des employés qui savent à quoi s’attendre. Le fait d’être membre d’un réseau d’Ehpad permet également de bénéficier, sur la base du volontariat, de transferts ponctuels de salariés entre établissements afin de palier les insuffisances ça et là.
Destabiliser les résidents à minima
Par ailleurs, DomusVi enrôle en CDD essentiellement des personnels soignants et accessoirement ceux qui officient en cuisine, les deux catégories les plus exposées. Le but est d’éviter au maximum que les résidents côtoient des employés qu’ils n’ont jamais vus. C’est pourquoi la direction sollicite des gens qui travaillent de manière intermittente mais régulière dans ses murs. Et, lorsqu’elle a recours à l’intérim, elle fait appel à deux prestataires avec lesquels elle a signé une charte de bonnes pratiques qui les oblige à fournir des personnels rompus aux spécificités médico-sociales et qui ont déjà suivi des formations adéquates. Dans tous les cas, les nouveaux arrivants reçoivent une fiche de fonction jointe à leur contrat, sans compter une fiche de tâches remise sur le lieu de travail où ils ont accès à des classeurs identifiés contenant les informations dont ils auraient besoin. Et, une fois dans l’établissement, ils interviennent systématiquement soit en binôme (hôtellerie) soit dans le cadre d’un tutorat (soins). Une manière de s’assurer que les normes en vigueur, en particulier lors des grandes chaleurs, seront respectées.
Avec les moyens du bord
Mais tous les Ehpad, loin s’en faut, n’ont pas une trésorerie suffisante ou ne peuvent bénéficier des ressources d’un groupe leur permettant de respecter un protocole aussi formalisé et d’avoir recours à des agences d’intérim. Dès lors, « on gère la galère », avoue Norbert Navarro, consultant et lucide sur les difficultés auxquelles sont confrontées certaines directions d’établissements. Une gestion avec les moyens du bord, parfois à la limite de la réglementation. Par exemple lorsqu’il est demandé aux Agents de service hospitaliers (ASH) les plus chevronnés de se muer en aides-soignants. Des agents remplacés alors par des ASH en CDD qui, eux, sont cantonnés à l’entretien. Une solution qui permet de contourner la difficulté de recruter des aides-soignants aguerris en nombre toujours insuffisant, à l’image des infirmières. Une situation sur laquelle les pouvoirs publics jettent un voile pudique, faute de pouvoir apporter les financements nécessaires, notamment sous forme de dotations pour les remplacements.