Selon les dernières prévisions, la loi Grand Âge et Autonomie était attendue pour le début de l’année 2021. La voici à nouveau reportée à une date indéterminée.
En effet, Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’Autonomie, a déclaré le 13 janvier, lors d’un débat à l’Assemblée nationale : « La réforme du secteur du grand âge est sur les rails. Sa pièce maîtresse, le projet de loi est toujours une priorité pour le quinquennat dès que la crise sanitaire le permettra. »
Ce nouveau report d’un projet très attendu provoque la colère et l’indignation des professionnels du secteur. Ainsi, la FNADEPA, qui s’impatientait déjà il y a un an, « réclame[…] d’urgence l’inscription du projet de loi Grand âge et Autonomie à l’agenda parlementaire. »
Jean-Pierre Riso, président de la Fédération, explique : « La loi Grand âge n’est plus une urgence, elle est vitale ! Que la crise la relègue sine die serait intolérable. En effet, la crise sanitaire que nous traversons actuellement a exacerbé et accéléré les tensions que la FNADEPA dénonce depuis des années : les difficultés de recrutement, le manque de moyens humains et financiers, les cloisonnements entre établissements et domicile, entre sanitaire et médico-social, les limites d’une gouvernance locale complexe, etc. La FNADEPA refuse de baisser les bras. Nous refusons de voir s’épuiser nos professionnels, nos collègues qui s’investissent au quotidien pour protéger les personnes âgées et leur assurer un accompagnement digne. Nous refusons de voir notre population vieillir dans une société inadaptée au vieillissement. »
La réaction d’Alain Villez, président des Petits Frères des Pauvres, est similaire : « Nous sommes extrêmement déçus. Nous avons participé aux différents rapports, consultations et concertations en apportant systématiquement notre éclairage et nos préconisations pour lutter contre l’isolement des aînés, facteur aggravant de perte d’autonomie. On nous annonce une nouvelle phase de concertation bien que toutes les propositions aient été travaillées depuis deux ans. Arrêtons de différer les arbitrages financiers et répondons enfin aux besoins et attentes des personnes âgées, de leurs familles et des professionnels du secteur. Ce énième report est un très mauvais signal sur la place que notre société donne aux aînés. »
Du côté de l’aide à domicile, quatre fédérations (Adédom, ADMR, FNAAFP/CSF et UNA) réclament elles aussi d’urgence « une loi Grand âge et autonomie ambitieuse ». Elles rappellent qu’ « il est déjà impossible, faute de personnel et de moyens financiers, d’honorer toutes les demandes d’accompagnement des personnes âgées ou en situation de handicap, et des familles en difficulté ». C’est pourquoi elles invitent les Français à interpeller leurs élus par mail au moyen de la plateforme https://urgencedomicile.org/ créée à cet effet.