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Lavage du linge dans les Ehpad Comment prévenir les risques professionnels ? Non classé

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lingerieLes activités de blanchisserie sont des activités annexes des Ehpad. Implantées  le plus souvent au sous-sol, elles sont de fait éloignées du cœur de l’établissement. Les salariés qui y sont affectés effectuent un travail pénibleauquel il indispensable de s’intéresser. En la matière, les contrôleurs de sécurité de la Caisse régionale d’assurance maladie d’Île-de-France (Cramif) ont pu constater les aménagements réalisés sur certains sites et les bonnes pratiques mises en place.

Les risques professionnels inhérents au lavage du linge en établissements sont nombreux

– Risques biologiques liés aux vêtements souillés.

– Risques de Troubles musculo-squelettiques (TMS) liés aux manipulations de linge notamment humide, aux activités de repassage et au stockage et la livraison du linge.

– Risques chimiques liés aux produits lessiviels et de détachage.

– Risques liés au bruit, en particulier des machines de lavage et de séchage.

– Risques de chute de plain-pied lors de la manutention du linge.

– Risques liés aux fibres présentes dans l’atmosphère de la lingerie.

– Risques liés aux ambiances chaudes et humides.

– Risques d’incendie.

 

Conception de la lingerie

Lors de la construction d’un établissement ou d’une rénovation importante, il faut prendre en compte les éléments suivants pour améliorer la prévention des risques :

> Risques biologiques :prévoir un espace suffisant pour assurer les activités de stockage du linge sale, de traitement du linge et de stockage du linge propre. La lingerie peut être séparée en plusieurs zones qui respectent la marche en avant. La première est dédiée à la réception, au tri et au lavage du linge, les machines à chargement et à déchargement opposés permettant de séparer la zone sale de la zone propre. La deuxième zone peut accueillir les sèche-linges qui brassent l’air du local et dégagent de la chaleur, la troisième zone étant affectée au repassage, au pliage et stockage du linge.

> Risques de TMS :des évacuations du linge, vers la lingerie, sous forme de goulottes à chaque étage de l’établissement permettent de limiter les contraintes liées au chargement et au déchargement ainsi que le déplacements de chariots de linge sale. La hauteur des machines à laver et des sèche-linges doit être prévue de manière à ce que le bas du hublot corresponde au haut du bac de réception du linge. Il existe également des  équipements pour approvisionner les bidons de lessive et qui possèdent une fonction de bac de rétention sous les bidons en cas de fuite. Utiliser des bacs sur roulettes à fond mobile permet de conserver une hauteur constante du linge sec ou humide, ce qui évitera au salarié de se pencher pour accéder au fond du bac. Pour le repassage du linge plat (draps, serviettes…), des machines permettent de l’effectuer. Pour le repassage manuel, il convient d’équiper la lingerie d’une table à repasser à hauteur variable avec un éclairage et un rail doté d’un équilibreur afin de soulager le salarié du poids du fer à repasser. La livraison du linge dans les étages peut être effectuée avec des rolls adaptés, équipés par exemple d’étagères (une par résident).

> Risques chimiques : équiper les machines à laver d’une alimentation centralisée en produits lessiviels (pompes péristaltiques auto-amorçantes) avec alarme de niveau bas et by-pass pour changer de bidon. Chaque produit (lessive, adoucissant, désinfectant) est placé sur un bac de rétention pour éviter les mélanges en cas de fuite. Une attention particulière doit être portée aux produits de détachage qui sont irritants et dont l’utilisation par pulvérisateur est à proscrire. Des équipements de protection individuels (gants, tabliers, lunettes…) doivent être utilisés lors des manipulations de produits. Enfin, la ventilation des locaux est à prévoir avec des entrées d’air neuf et des bouches d’aération à débit réglable afin de limiter la chaleur, l’humidité ou les odeurs dans les locaux.

> Risques liés au bruit : le bruit est lié aux machines de lavage et de séchage. Les locaux peuvent être équipés de matériaux isolants au plafond et les machines de patins anti-vibratiles. Lorsqu’il n’est pas possible de séparer la lingerie en trois zones fermées, un encoffrement des machines peut permettre de réduire le bruit dans le local.

> Risques de chute de plain-pied :un sol en PVC souple permet de limiter la glissance à l’état humide mais peut gêner le déplacement des rolls et des chariots à linge. Par ailleurs, des sols en résine peuvent être envisagés avec des évacuations d’eau. Dans tous les cas, les rétentions sous les produits lessiviels peuvent éviter les chutes liées à ces produits. L’organisation des zones de stockage et de travail dans la lingerie sont aussi un moyen de permettre de limiter les déplacements des salariés, notamment lorsqu’ils ont les bras chargés, donc de limiter les chutes.

> Risques liés aux fibres : le séchage et les opérations de pliage et de repassage libèrent des fibres textiles qui s’accumulent dans l’atmosphère du local. Ces fibres peuvent être irritantes pour les salariés. Il est donc nécessaire de disposer d’une ventilation efficace pour renouveler l’air du local mais aussi d’entretenir le réseau pour conserver l’efficacité de la ventilation.

> Risques liés aux ambiances chaudes et humides : la ventilation du local contenant les sèche-linge doit être réglée de manière à éviter l’élévation de la température du local, l’arrivée d’air frais devant compenser l’air évacué. Il peut être judicieux de piloter la ventilation en fonction de la température du local.

> Qualité de vie au travail : il est souhaitable que les locaux utilisés pour la lingerie bénéficient d’un éclairage naturel même s’il s’agit de vasistas en haut des murs. D’autre part, les murs de couleur claire et un éclairage proche de la lumière du jour sont susceptibles d’améliorer les conditions de travail. L’organisation de l’activité doit permettre d’éviter les situations de travail isolé et d’intégrer les salariés affectés à ces postes à la vie de l’établissement.

 

Renovation de la lingerie

Lors de la rénovation de locaux anciens, le contrôleur de sécurité de la Cramif peut conseiller les établissements pour améliorer la prévention des risques professionnels. Il peut également faire intervenir les laboratoires de mesures physiques, de toxicologie industrielle et de biologie pour évaluer respectivement les :

– risques physiques et auditer le système de ventilation voire, le cas échéant, valider les caractéristiques techniques du cahier des charges adressé aux fournisseurs ;

– risques chimiques pour mesurer les poussières dans l’atmosphère ;

– risques biologiques pour toute contamination de cette nature.

A noter qu’en régions, chaque Caisse d’assurance retraite et santé au travail (Carsat) dispose des mêmes ressources pour effectuer des mesures qui aideront le contrôleur de sécurité à conseiller les entreprises.   

Christophe Bon, Cramif

 


Pour aller plus loin

> « Conception et rénovation des Ehpad » (réf. : ED 6099).

Ce document est conçu par les référents en matière de prévention des risques professionnels en Ehpad de la Cramif, des Caisses d’assurance retraite et santé au travail (Carsat) et de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Il précise les bonnes pratiques pour la conception et la rénovation des établissements, en particulier la lingerie. http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206099

> « Lingère, linger et équipier dans l’hôtellerie » (réf. : ED 6033)

Ce document présente l’activité du traitement du linge dans les hôtels et les mesures de prévention des risques professionnels, sachant que l’activité observée dans les lingeries des Ehpad est assez proche de celle décrite dans le document. http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206033 


 

 

 

 

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