La perte d’attractivité des métiers du grand âge continue de s’accentuer alors que les besoins augmentent. Il en découle une pénurie de personnel qui aggrave encore la situation. Afin d’identifier des moyens de renforcer l’attractivité de ces métiers, Appel Médical et le Cercle Vulnérabilités et Société se sont associés pour mener une grande enquête, dont ils ont publié les résultats en octobre 2022. Dans cette enquête, 28 professionnels du grand âge (issus des métiers du soin, de l’accompagnement, de l’administration et de la logistique) et 2000 Français représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus s’expriment sur leur vision de ces métiers.
Il en ressort que plus de 4 Français sur 5 ont une vision très positive du grand âge. Toutefois, les personnes disposant de l’expérience de l’accompagnement du grand âge soulignent plus que les autres les principales difficultés : la fragilité et la dépendance (73 %), la précarité et la solitude (64 %).
À la quasi-unanimité (9 Français sur 10), la pénurie actuelle de personnels pour prendre en charge le grand âge apparaît comme une situation grave et structurellement appelée à durer. Ils s’inquiètent notamment des conséquences de cette pénurie en termes de surplus d’implication des proches et des familles.
Contrairement à ce qu’on pourrait attendre, le niveau de satisfaction professionnelle des personnes qui travaillent dans le grand âge est plutôt élevé et équivalent à celui constaté dans la population générale. Leurs critères d’appréciation sont similaires : viennent en premier la rémunération (69 % des répondants) et l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle (63 %). Le fait d’être utile aux personnes ou à la société est moins souvent mentionné (31 et 27 % des participants).
Quant aux Français en général, ils perçoivent les métiers du grand âge comme ayant du sens (96 %) mais insuffisamment rémunérés (93 %), usants et épuisants (91 %), mal reconnus et mal considérés (91 %).
Les métiers les plus attractifs sont ceux qui privilégient la relation humaine (accueil 52 %, animateur 50 %, assistante sociale 40 %), plus que les métiers du soin qui sont jugés comme requérant des compétences plus techniques (paramédicaux 28 %, psychologues 24 %, soignants 23 %, médecin 18 %). Les métiers d’ASH (agent des services hospitaliers) ou d’auxiliaire de vie souffrent d’un déficit sérieux d’attractivité (21 %), sans doute lié à leur faible valorisation sociale.
Enfin, la majorité des Français (53 %) préféreraient exercer ces métiers du grand âge à domicile ou en réseau, plutôt dans le secteur public (46 %).