Le cabinet KPMG a publié, mi-mai, sa traditionnelle étude sur les Ehpad. L’objectif est bien sûr de contribuer à une meilleure connaissance du secteur, de fournir des indicateurs et des analyses précises aux directeurs et enfin, d’inspirer les politiques des pouvoirs publics en exposant les enjeux de demain.
« L’Observatoire KPMG des Ehpad 2014 » porte sur des données collectées entre juin et septembre 2013 et donc sur l’exercice 2012. Le panel, qui a fait l’objet de pondérations statistiques, comprend 324 établissements exclusivement publics (EP) ou privés non-lucratifs (EPNL) qui ont accepté de confier à KPMG leur état financier en échange d’un bilan personnalisé qui leur permet de se positionner au regard des principaux ratios déclinés dans l’enquête. L’absence des établissements privés commerciaux s’explique par leur grande diversité et leur réticence à révéler des éléments comptables dans un contexte très concurrentiel.
Lors de la présentation du rapport, le 15 mai, Irène Scolan, Directrice nationale adjointe économie sociale et solidaire, a insisté sur quelques points saillants de cette édition de « l’Observatoire ». Ainsi, certaines tendances déjà connues ont été confirmées, telles l’augmentation du niveau de dépendance des personnes accueillies (GMP moyen de 661 dans les EPNL et de 710 dans les EP contre 639 et 682 en 2010) et de l’âge moyen des résidents, lequel atteignait, en 2012, 84,2 ans pour les hommes et 86,6 ans pour les femmes. En outre, le taux d’occupation des établissements du panel avoisinait les 100 % quelle que que soit la taille des établissements mais seuls 19 % d’entre eux accueillaient en moyenne au moins quatre personnes de plus de 60 ans en situation de handicap.
« La coordination est de plus en plus prégnante »
Par ailleurs, les auteurs ont insisté sur l’essor des nouveaux dispositifs de prise en charge mis en place par les Ehpad. Ainsi 24 % disposaient-ils d’un accueil de jour dont quasiment la moitié avaient une capacité inférieure à six places.
Par ailleurs, parmi les 52 % d’EPNL proposant une prise en charge spécifique Alzheimer, 26 % comportaient un Pôle d’activités et de soins adaptés (Pasa) et 6 % une Unité d’hébergement renforcées (UHR) (respectivement 33 % et 20 % pour les EP). Pour ce qui est de la nécessaire ouverture des Ehpad à leur environnement dans la cadre de l’essor des parcours de soins, 43 % avaient noué un partenariat avec des Unités mobiles de soins palliatifs, 41 % avec de structures d’Hospitalisation à domicile (HAD) et 10 % avec des Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD).
Autre volet crucial, le bâti. On assiste en effet à une fin de cycle au niveau immobilier, laquelle pèsera tôt ou tard sur le coût d’hébergement. Une grande partie des établissements ont aujourd’hui plus de 35 ans, d’autres entre 20 et 25 ans d’ancienneté, et n’ont pas encore réalisé les travaux de (re-)construction ou de réhabilitation requis. Or, ils devront repenser leur architecture en anticipant les besoins de leurs futurs résidents. Sans compter que plus de la moitié n’ont pas commencé ou terminé leurs travaux d’aménagement pour se conformer à la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, relative à la mise en accessibilité des établissements recevant du public pour les personnes handicapées.
Qui veille ?
Enfin, l’évocation du taux d’encadrement, lequel était de 0,59 pour l’ensemble du panel et de 0,64 pour les Ehpad accueillant des personnes handicapées, est l’occasion de rappeler que c’est surtout la nuit que les difficultés sont importantes. La présence d’infirmières de nuit n’étant pas encore la norme, il est d’autant plus nécessaire de redéfinir quel est l’acteur leader (hôpital, Ehpad), sur un territoire donné, en matière de permanence des soins mais aussi de mutualiser les compétences.
Alexandre Terrini