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La lumière a une incidence notable sur le fonctionnement
de notre métabolisme. © Derungs light.

Des rayons de bien-être

L’éclairage est devenu, ces dernières années, un élément que nul n’ignore plus à l’heure de concevoir ou de rénover les Ehpad, tant ce facteur est susceptible d’agrémenter le quotidien des résidents.

Il est des évidences qu’il est toujours bon de rappeler. En l’occurrence qu’une lumière appropriée contribue de manière conséquente au bien-être et à l’esthétique ambiante. Cette harmonie étant elle-même source d’apaisement, de calme et de pulsions mieux jugulées. À l’aune de ce constat, on comprend que l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et l’Assurance maladie, dans leur guide intitulé « Conception et rénovation des Ehpad – Bonnes pratiques de prévention », réitèrent quelques préalables qui, s’ils concourent à la réalisation d’un tel objectif, ne sont pas pour autant toujours de mise sur le terrain. Après avoir constaté qu’il subsistait dans certains établissements des pièces mal éclairées et/ou sans ouverture sur l’extérieur, ils insistent sur la nécessité de promouvoir « une architecture qui privilégie l’usage de la lumière naturelle d’une part et, d’autre part, permette la vue sur l’extérieur à hauteur des yeux ». Inversement, il est nécessaire de prévoir des brise-soleils et des stores mobiles extérieurs pour protéger les résidents mais aussi les personnels de l’éblouissement par le soleil et de sa réverbération. De même, les surfaces vitrées orientées plein est ou plein ouest sont-elles à proscrire autant que possible.

Lumière et couleurs sont intimement liées

Mais maximiser les sources de lumière, si possible naturelle, n’est pas tout. Il est en effet impératif que celle-ci soit savamment dosée et s’apparente à celle que l’on perçoit à l’ombre par un beau jour d’été. Plus concrètement, l’excès étant en la matière aussi préjudiciable que l’insuffisance, il convient d’éviter le phénomène de surbrillance qui vire rapidement à l’éblouissement et aux réflexions aveuglantes, incitant les résidents à fermer les yeux par réflexe quitte à accroître les risques de chute. Pour s’épargner ce genre de désagrément, il est conseillé d’éviter les éclairages trop crus réfléchis par des sols ou des murs brillants. Ces derniers, comme les plafonds au demeurant, peuvent par exemple être de couleur blanche ou gris clair pour absorber la lumière tout en garantissant une luminosité suffisante et uniforme.

Mais là encore, il est recommandé de ne pas passer du tout ou rien. Si trop de lumière tue la lumière et génère des ombres qui peuvent effrayer certaines personnes, en particulier celles atteintes de démence visuelle qui les assimilent à des obstacles qui leur faut éviter en les contournant, les contrastes doux et les différences modérées de luminosité demeurent indispensables afin d’aider les pensionnaires à mieux se repérer. Pour faciliter la tâche de ceux qui ont des difficultés d’adaptation aux contrastes lumineux et ainsi favoriser leur orientation et leur déambulation, il est opportun d’aménager des zones de transition entre celles qui sont fortement éclairées et celles qui le sont moins, le maître mot étant ici la progressivité. Par ailleurs, lumière et couleurs sont intimement liées. Faut-il rappeler qu’un objet a une couleur parce qu’il réfléchit la lumière qu’il reçoit ? Un phénomène physique qui prend tout  son sens quand on sait que la lumière artificielle est toujours plus pauvre que la lumière naturelle qui, elle, contient toute la gamme des ondes lumineuses et favorise donc une perception précise des couleurs et plus largement de l’environnement.

Cependant, le progrès aidant, l’impact des luminaires ne se limite plus à leur agencement dans l’établissement ni à leur intensité. « L’éclairage en Ehpad est en profonde mutation en France où nous accusons un certain retard, confirme Vincent Maréchal, Directeur de La compagnie du ciel. On a trop longtemps pris en compte uniquement la puissance lumineuse (ou flux lumineux qui se mesure en lux, N.D.L.R.) nécessaire dans une pièce selon l’activité qu’elle abrite mais pas le confort et l’évolution de la lumière. Or, la température de couleur (ou couleur de la lumière qui se mesure en degrés Kelvin, N.D.L.R.) est très importante. C’est ce qui différencie par exemple un blanc chaud d’un blanc froid et c’est surtout ce qui fait l’ambiance d’une pièce. Or, cette température varie au cours de la journée. Elle est plutôt froide le matin et à midi et se réchauffe en fin de journée. »

« Remettre en place le rythme circadien des résidents »

Vu sous cet angle, la chose n’est pas si simple et requiert des modulations régulières : « Il y a tout un travail à faire en amont pour permettre aux résidents de bénéficier du meilleur confort visuel possible en adéquation avec la température de couleur à l’extérieur. L’idée est de pouvoir faire varier la température de couleur mais aussi l’intensité lumineuse en fonction du moment de la journée. » Et ce pour que la lumière à l’intérieur et celle à l’extérieur soient les plus similaires possibles.

Pourquoi autant de précautions ? Parce qu’en fonction de la lumière qu’il perçoit, l’œil fournit des informations au cerveau et lui envoie en quelque sorte des messages qui ont pour effet de déclencher ou pas des fonctions hormonales qui favorisent, par exemple, le réveil le matin et l’endormissement le soir. En clair, il est prouvé que la lumière a une incidence notable sur le fonctionnement de notre métabolisme.

À l’aune de cet impact, les fabricants rivalisent d’ingéniosité afin que leurs produits diffusent une lumière évolutive et contribuent ainsi, dixit Jacqui Ritt, responsable groupe de produits chez Derungs, à « remettre en place l’horloge biologique interne et le rythme circadien des résidents et en premier lieu de ceux atteints de la maladie d’Alzheimer ». La recette miracle ? Une technologie bien sûr confidentielle. On saura seulement qu’il s’agit d’associer deux tubes fluorescents avec des températures de couleur différentes à des puissances prédéfinies en fonction de la taille de la pièce. Le tout pouvant être régulé et programmé électroniquement. Mais peu importe la méthode pourvu que l’on ait la bonne lumière au bon moment au bon endroit.

Alexandre Terrini

 

De l’art de bien capter et de bien imiter

La lumière naturelle étant un bien précieux et intarissable, tous les moyens sont bons pour la capter. Et d’abord la pose, à l’extérieur du bâtiment (toit ou autre), de capteurs solaires constitués de lentilles qui suivent les rayons du soleil. Ils emmagasinent ainsi un maximum de lumière qui est acheminée via des câbles de fibre optique pour être diffusée instantanément dans les pièces prévues.

Autre procédé, artificiel celui-là : créer des plafonniers avec un décor naturel en trompe-l’œil reproduisant des ciels et doté de croisillons qui accentuent l’impression de profondeur. L’ensemble est rétroéclairé avec une lumière qui se rapproche le plus possible de celle du jour. Le rendu est censé être comparable à l’ambiance d’une verrière. Pour un peu, on s’y croirait.

 

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