Pour la Présidente de l’association France Alzheimer et maladies apparentées, les conditions de la prise en soin des personnes âgées touchées par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée se sont améliorées en Ehpad mais des efforts restent encore à faire.
Que pensez-vous de la prise en charge des personnes malades d’Alzheimer en Ehpad ?
M-O. D : De manière générale, les conditions de prise en soin de ces personnes se sont nettement améliorées ces dernières années, notamment grâce aux trois Plans Alzheimer qui, depuis 2001, ont permis aux pouvoirs publics comme aux différents acteurs concernés de s’emparer de l’enjeu que représente la maladie. Et, de fait, des progrès notables ont été réalisés au sein des Ehpad en termes d’hébergement, d’architecture et de soins à apporter. Il existe aujourd’hui des chambres individuelles, plus spacieuses et, pour certaines, plus adaptées sur le plan de la domotique, par exemple. En outre, des animations et des ateliers ont été mis en place dans le cadre d’une prise en soin non médicamenteuse. Ce sont des initiatives qu’il conviendrait d’ailleurs de développer en Ehpad pour qu’elles soient plus nombreuses et, surtout, accessibles à l’ensemble des résidents, malades ou non.
Quels sont les points sur lesquels les établissements doivent encore s’améliorer ?
M-O. D : À mon sens, la nécessité d’améliorer les établissements qui, avant tout, doivent être des lieux de vie, a été comprise. C’est une bonne chose car il faut garder à l’esprit que l’entrée en institution est souvent imposée à la personne âgée et est, en outre, une décision difficile et traumatisante pour les familles. Elles doivent accepter que la prise en soin à domicile n’est plus possible et que l’Ehpad, qui souffre encore parfois d’une mauvaise image, doit prendre le relais. Toutefois, certaines choses doivent encore évoluer. Les ratios de personnels pour accompagner, stimuler, écouter, apaiser les résidents atteints de la maladie d’Alzheimer ainsi que pour développer des projets avec eux sont clairement insuffisants, par exemple. Il n’est pas normal qu’il n’y ait pas d’infimière de nuit et de psychologue présents dans chaque établissement. Et il faudrait plus d’aides-soignantes sur le temps de la toilette qui constitue une forme d’animation – au sens noble du terme – pour les personnes malades, par exemple. Mais j’ai conscience que cela est difficile à mettre en place. Aujourd’hui, cela créé autant une souffrance pour les résidents que pour les équipes des Ehpad. Cette évolution nécessite des ressources or, cela semble malheureusement compliqué quand on voit la faiblesse du taux de la revalorisation des budgets des Établissements sociaux et médico-sociaux (ESMS) chaque année (1,04 % en moyenne cette année), sachant qu’en outre, ces derniers ont dû, cette année, participer à l’effort national d’économies…
Quelles solutions proposez-vous ?
M-O. D : On dit souvent de ces résidents qu’ils n’entendent et ne comprennent pas. Mais personne ne sait réellement aujourd’hui ce qu’il reste de leur capacité à entendre ou ne pas entendre car cela est très changeant. Plus on jouera la carte de la transparence et de la communication concernant leur changement de lieu de vie, plus cet échange sera constructif. Et il faudra veiller, avant que la personne n’arrive dans sa nouvelle chambre, à avoir recréé l’ensemble de son vécu avec ses objets, ses meubles et ses tableaux afin qu’elle ne soit pas déstabilisée. Nous savons en effet qu’une personne atteinte de la maladie Alzheimer ou apparentée est stressée lorsqu’elle n’a plus les repères de son cadre de vie.
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