L’animation, un vrai métier
Avec la professionnalisation, l’animation dans les Ehpad a parcouru la moitié du chemin menant à sa reconnaissance. Des progrès restent donc à effectuer.
En 2003, Hubert Falco, alors secrétaire d’État aux Personnes âgées, avait demandé à Bernard Hervy, président du Groupement des animateurs en gérontologie (GAG) de réaliser une enquête sur l’état de l’animation en France. Des travaux qui ont permis de donner le coup d’envoi de la professionnalisation de l’animation gérontologique. Des formations adaptées et des diplômes propres au métier d’animateur auprès des personnes âgées se sont fortement développés permettant de clarifier les objectifs et les techniques de l’animation ainsi que la reconnaissance de cette profession. Ainsi, selon une enquête menée en 2011 par le GAG, si en 2003, 60 % des emplois d’animation dans les Ehpad correspondaient à des emplois aidés (recours en particulier au dispositif des emplois-jeunes), ils n’étaient plus que 4 % en 2011. Par ailleurs, les diplômés en animation sont passés de 19,5 % à 34 % en nombre, en particulier chez les professionnels à temps plein.
« Chaque qualification obtenue conduisant de fait à donner un signe de distinction au sein de l’équipe, les personnels faisant fonction d’animateurs sont plus à temps partiel sur l’animation et les animateurs davantage à temps plein », souligne l’étude. Conséquence : la mise en place de projets de vie ou d’animation dans les établissements a également gagné du terrain : 95,9 % (faits ou en cours) en 2011 contre 67,7 % en 2003. On note en outre un recul de l’animation exercée par tous dans les établissements, laquelle est passée de 54,2 % en 2003 à 38,2 % en 2011. « L’animation n’est plus aujourd’hui un acte relevant de la simple bonne volonté ou lié à l’intuition de quelques-uns, ce qui laisserait croire que chacun peut la mener. Désormais, elle est posée comme une discipline à part entière, nécessitant des compétences spécifiques si l’on veut atteindre des objectifs cohérents et donner du sens aux actions conduites », considèrent Bernard Hervy, président du GAG, et le sociologue Richard Vercauteren dans leur ouvrage intitulé Animateur et animation sociale avec les personnes âgées (Éditions Eres).
Quelle place pour les emplois d’avenir ?
Il n’en demeure pas moins que dans certaines maisons de retraite interrogées dans le cadre de cette étude, l’animation est confiée à l’équipe soignante (33 %) ou aux aides médico-psychologiques (14 %) et ce, pour des raisons de financement et de choix dans la prise en charge des résidents. Du travail reste donc à faire en faveur de la reconnaissance de cette profession. C’est pourquoi, avec la mise en place des emplois d’avenir, le Groupement des animateurs en gérontologie (GAG) a demandé au Gouvernement de poser trois conditions au recrutement de ces jeunes dans le domaine de l’animation en gérontologie. « Ces emplois en contrat d’avenir ne doivent pas se substituer à un emploi existant. Un jeune en contrat d’avenir doit bénéficier d’une formation diplômante reconnue par la filière professionnelle (BPJEPS et DEJEPS animation sociale). Un jeune en contrat d’avenir doit obligatoirement bénéficier d’un tutorat et d’un encadrement professionnel par un professionnel de sa branche. Nous sommes favorables à l’arrivée de forces nouvelles si elles sont supplémentaires et si elles s’accompagnent d’une professionnalisation », insiste le GAG.