Recenser les besoins
Les architectes sont unanimes : pour concevoir des établissements adaptés, recueillir la parole des résidents, des professionnels et des familles est essentiel. Une donne toutefois absente dans le cadre des commandes publiques. Témoignages.
> « Pour les commandes publiques, l’architecte est confronté à un programme plus qu’à un directeur. On peut apporter des modifications à la marge mais très peu. Dans le secteur privé, les échanges avec les directeurs d’établissements et les équipes soignantes sont plus importants. Le personnel va réfléchir aux locaux en termes de déplacement, d’ergonomie et de besoin pour manipuler les personnes âgées. Ces priorités en matière d’aménagement des locaux peuvent parfois être en opposition avec les besoins des personnes âgées. Mon rôle consiste à trouver des compromis », explique Xavier Gauche, architecte associé de l’atelier Gauche’s Muru.
> « Lorsque l’on travaille avec des groupes, c’est très hiérarchisé. C’est l’entité médico-sociale qui fait le relais avec le directeur et l’Agence régionale de santé. C’est le service promotion de ces groupes qui établit un cadre pour répondre aux besoins », note Alexandre Vajda, architecte associé de l’agence ThomasVajda.
> « Dans le cadre de réhabilitations, les représentants des Conseils généraux ou des ARS connaissent très bien les établissements. Ils ont l’historique des relations avec le personnel et avec les familles. Du coup, ils ont une connaissance de tous les défauts de l’immobilier. Si bien qu’il y a une attente et des critères assez rigoureux sur la façon dont on doit conduire le projet. En revanche, en matière d’extensions et de restructurations, il y a davantage de liens avec la direction de l’Ehpad. On est amené à la rencontrer lors des visites que l’on fait sur place avant de démarrer le projet », précise Jean-Louis Thomas, associé de l’agence Thomas-Vajda.
> « Avant la réflexion sur un projet architectural, j’organise des groupes de travail avec toutes les catégories de personnes : celles qui habitent, celles qui travaillent et celles qui visitent l’établissement. Il est rare que les résidents, le personnel et les familles se rencontrent pour réfléchir ensemble sur un sujet fonctionnel qui les concerne tous. Or, cela crée une dynamique, un cercle vertueux », apprécie l’architecte Didier Salon.
Conception et rénovation : prévenir les risques professionnelsEn avril 2012, l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) et l’Assurance maladie ont publié un guide de conception et de rénovation des Ehpad. Objectif ? Aider l’ensemble des acteurs (direction, salariés, instances représentatives du personnel, maître d’ouvrage, maître d’œuvre…) d’un projet de construction, d’extension ou de réhabilitation à intégrer la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles dès la programmation du projet. Les avantages sont nombreux : réduire l’absentéisme et le turn-over des personnels, renforcer le confort des résidents et le bien-être au travail des employés, intégrer le développement durable dès la conception de l’établissement et enfin, répondre aux obligations réglementaires des employeurs et maîtres d’ouvrage. « Ce guide ne constitue pas un référentiel normatif ou réglementaire. Ses préconisations sont exprimées sous forme de bonnes pratiques qui ne peuvent pas être exhaustives », précise l’INRS. Téléchargement gratuit sur le site www.inrs.fr |