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Activité physique, nutrition, audition… : plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour prévenir la perte d’autonomie des personnes fragiles, notamment des personnes âgées. Avis d’experts.

 

Prévenir la dénutrition

« Pour éviter que les personnes âgées, ne tombent dans le cercle vicieux de la dénutrition, il faut, en premier lieu, vérifier l’état bucco-dentaire des personnes », rappelle Delphine Georgelet, diététicienne et nutritionniste. C’est-à-dire s’assurer qu’elles ne ressentent aucune douleur (due à un aphte, un dentier mal adapté etc.), qu’elles ont de bonnes dents et qu’elles peuvent mastiquer (en interrogeant leurs patients ou en observant l’état de leur bouche). Il convient aussi de vérifier qu’elles digèrent correctement. Se sentent-elles ballonnées après leurs repas ? Vont-elles régulièrement à la selle ? « Il est important, également, de mettre un terme à certaines idées reçues, poursuit Delphine Georgelet. Par exemple, celle qui veut qu’il ne faut pas manger de bananes car elles constipent. Or, pour des personnes âgées, les bananes sont faciles à éplucher, contrairement aux oranges, et faciles à croquer et mâcher, contrairement aux pommes. Elles sont en outre très riches d’un point de vue nutritionnel et donc tout à fait adaptées à l’alimentation des seniors. Même chose pour le chocolat : il ne faut pas abandonner le plaisir de manger au motif que le chocolat ne facilite pas la digestion. » Enfin, les personnes âgées doivent consommer des aliments sources de protéines pour éviter toute carence : viande, poisson, œufs, fromage, laitages et légumes secs. Quels signes peuvent révéler un risque de dénutrition ? Des patients qui répètent « je n’ai pas faim » ou « pourquoi je mangerais puisque je suis seul(e) », un réfrigérateur et des placards de cuisine vides ou quasi-vides, une peau très sèche signe de déshydratation et de manque de matières grasses ou encore une perte de poids.

 

Inciter à la pratique d’une activité sportive

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux personnes âgées de 65 ans ou plus de pratiquer une activité physique (150 minutes hebdomadaires d’activité d’endurance d’intensité modérée), laquelle englobe les loisirs, les déplacements (marche, vélo), les tâches ménagères, le sport (kinésithérapie, gymnastique douce) etc. Et ce, afin d’améliorer leur endurance cardio-respiratoire, leur état musculaire et osseux, leur système immunitaire et leur moral. Les professionnels ne doivent pas hésiter à encourager leurs patients âgés ! En effet, « le déclin du fonctionnement physique observé lors de l’avancée en âge, illustré notamment par un ralentissement de la vitesse de marche ou une augmentation du risque de chute, est traditionnellement attribué à l’âge chronologique et aux modifications biologiques qui lui sont associées, a rappelé Yannick Stephan, maître de conférences à l’Université de Montpellier 1, spécialisé en psychologie de la santé et du vieillissement lors du congrès 2015 de l’Association des chercheurs en activités physiques et sportives (ACAPS). Cependant, une littérature croissante suggère que cette évolution est aussi le fruit de l’intervention de facteurs psychosociaux. En particulier, les perceptions et les croyances stéréotypiques des individus relatives à leur âge et au processus de vieillissement sont susceptibles d’agir sur les trajectoires de santé, de fonctionnement cognitif mais aussi sur les risques de mortalité, indépendamment de l’âge réel. »

 

 

Repérer les troubles neurologiques légers

« Il est important d’être sensible à la plainte du patient : par exemple, ses soucis de mémoire, souligne Frédéric Blanc, neurologue au sein du pôle Gériatrie des hôpitaux universitaires de Strasbourg. Les professionnels doivent aussi observer le patient et ne pas se dire “c’est normal, c’est l’âge“. » Un patient qui oublie un RDV ou de prendre ses médicaments, cela peut-être un signe précurseur de démence. Surtout si l’incident se répète. « Il faut être attentif aux modifications fonctionnelles discrètes, notamment, si le patient ne réussit plus à organiser les actes de sa vie, tel que s’occuper de ses documents administratifs, à remplir correctement un chèque etc. », ajoute le neurologue. L’aspect physique de la personne âgée est également à prendre en compte. Au début de maladie type maladie à corps de Lewy, notamment, des petits troubles neuro-végétatifs peuvent se manifester : hypersalivation, troubles urinaires, nez et yeux qui coulent de façon répétée en dehors d’un rhume, constipation opiniâtre, hypotension orthostatique, léger trouble de la marche, amimie (réduction de la mobilité de la face). « De même, des chutes inexpliquées peuvent être dues à une maladie à corps de Lewy, à une Paralysie supranucléaire progressive (PSP) ou encore à une accumulation de lésions vasculaires », ajoute le neurologue.

En cas de symptômes détectés, il faut en discuter avec les proches et contacter le médecin traitant. Plus le diagnostic est posé rapidement, plus la prise en soins et la prévention des complications peuvent être mises en place.  

 

Laura Chauveau
(Merci à la revue Avenir et Santé
d’avoir autorisé la reprise de cet article)

 

 


La perte d’audition a des répercussions sur le déclin cognitif !

« Selon l’Inserm, le nombre de cas de surdité ne cesse de progresser avec l’âge : de 6 % entre 15 et 24 ans à plus de 65 % après 65 ans », rappelle Luis Godinho, Président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf). Or, diverses études suggèrent l’implication des troubles auditifs dans le fonctionnement cognitif, l’humeur, la dépression, l’atrophie cérébrale, les activités sociales, les actes courants de la vie quotidienne ou encore les comorbidités. « Les gens sous-estiment leurs problèmes auditifs, relève Luis Godinho. Deux questions très simples peuvent donc leur être posées : “avez-vous une gêne auditive et, notamment, des difficultés à suivre une conversation à plusieurs ou dans le bruit ?“ et “avez-vous un appareil auditif ?“. S’ils en ont un, il faut s’assurer qu’ils le portent tous les jours pour une stimulation quotidienne des aires auditives cérébrales. S’ils n’en ont pas et qu’ils ressentent une gêne, il faut les inciter à en parler à leur médecin généraliste ou à un oto-rhino-laryngologiste. »  

 


 

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