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Troubles de la déglutition : comment les prendre en charge Non classé

 

 

 

Les troubles de la déglutition provoquent environ 4 000 décès par an, en majorité chez les personnes âgées. En Ehpad, les acteurs du soin ont un rôle non négligeable à jouer pour les détecter et mettre en place des solutions qui aident au mieux les résidents. Tout d’horizon avec Virginie Ruglio, orthophoniste au service de Gériatrie aiguë de l’Hôpital européen Georges Pompidou à Paris mais également en équipe mobile gériatrique externe.

 

 

 Les manifestations des troubles de la déglutition

Les dysphagies neuro-gériatriques ou les troubles de la déglutition sont des symptômes qui s’inscrivent dans le cadre de pathologies neurologiques centrales. De nombreuses dysphagies passent inaperçues car les symptômes sont sournois. La toux s’avère être un signe trompeur car elle ne signifie pas systématiquement une fausse route tandis que son absence n’est pas toujours rassurante dans la mesure où de nombreux patients âgés avalent de travers de manière silencieuse ou à bas bruit.

Par ailleurs, la dysphagie n’a pas uniquement une implication alimentaire. Elle concerne également les sécrétions de la bouche et du nez. Ainsi, les voies respiratoires s’avèrent être à risque car l’inhalation de sécrétions, de boissons ou encore de médicaments peut provoquer des dégâts infectieux.

Il existe deux degrés de fausses routes asphyxiantes. En cas d’obstruction totale des voies aériennes, le patient n’arrive pas à tousser, sa respiration est empêchée et, dans ce cas, il est impératif d’effectuer la manœuvre d’Heimlich. En revanche, en cas d’obstruction partielle, le patient tousse. Il faut alors simplement l’encourager à tousser et à avaler sa salive mais il ne faut surtout pas pratiquer la manœuvre d’Heimlich ni taper dans le dos du patient, au risque d’aggraver la situation.

 

Poser le diagnostic 

L’interrogatoire seul ne permet pas de poser un diagnostic car la personne âgée, a fortiori malade, a généralement peu conscience de sa déglutition.

Certains signes classiques sont caractéristiques des troubles de la déglutition :

– une toux au repas ;

– des difficultés à avaler ;

– des fausses routes asphyxiantes récurrentes ;

– une réduction des ingesta qui peut avoir pour conséquence une complication des infections, des troubles nutritionnels ou encore une perte de qualité de vie.

D’autres signes moins classiques sont aussi à prendre en compte comme l’état respiratoire du patient : des encombrements bronchiques récurrents, voire des pneumopathies doivent constituer une alerte pour les équipes de soins car ils peuvent découler d’inhalations chroniques, même silencieuses.

 

Le rôle de l’infirmier

Les orthophonistes sont les professionnels de santé les plus qualifiés pour poser le diagnostic des troubles de déglutition en gériatrie car ils disposent d’une formation spécifique tout comme certains masseurs-kinésithérapeutes. En Ehpad, de plus en plus d’orthophonistes libéraux interviennent pour dispenser des formations aux professionnels soignants, notamment aux infirmiers et aux aides-soignants qui, étant en première ligne auprès des résidents, ont un rôle non négligeable à jouer.

La prise médicamenteuse à laquelle assiste généralement l’infirmier est une situation de déglutition comme celle du repas. C’est pourquoi il doit systématiquement se poser la question de la déglutition dès lors que la personne âgée présente des troubles neurologiques même légers.

Quitte, au besoin, à effectuer un test de dépistage systématique, même en l’absence de plainte, avec le test au verre d’eau (test de De Pippo) qui consiste à faire boire 90 millilitres d’eau plate à température ambiante à la personne âgée et à observer son comportement ainsi que la qualité de sa voix après déglutition. A noter, que les contractions musculaires diffèrent en fonction du degré de stimulation thermique des boissons. Chez le sujet âgé, les liquides chauds apportent moins de stimulation et risquent davantage d’être avalés de travers et de manière plus silencieuse.

Toutefois, pour Virginie Ruglio, la formation initiale des infirmiers ne dispense pas les connaissances techniques suffisantes pour diagnostiquer les troubles de la déglutition. Si après le test au verre d’eau, ils n’ont rien à signaler alors que le patient est régulièrement encombré, ils doivent en alerter le médecin traitant.   

Laure Martin

 


Stop aux idées reçues

De nombreux présupposés infondés concernant les troubles de la déglutition sont à bannir. Pour mieux rétablir quelques vérités méconnues. Que voici.

– La prise de température ne contribue pas à la détection des troubles de la déglutition en gériatrie car les personnes âgées peuvent avoir un peu de fièvre même lorsqu’elles sont surinfectées.

– La prise ou la perte de poids n’a pas de valeur diagnostique car un résident peut tout à fait être obèse et dénutri ou encore prendre ou perdre du poids dans le cadre de pathologies cardio-vasculaires.

– Le recours à la paille ou au verre à bec pour boire est fortement déconseillé car cela a tendance à aggraver la situation et à entraîner plus de fausses routes chez la personne âgée.

– Il ne faut pas utiliser de seringue pour donner les médicaments.

– Il ne faut pas mettre la personne âgée en position semi-assise pour déglutir. Son dos doit au contraire être droit et son menton légèrement fléchi en avant, dans une position la plus naturelle possible.

 

Par ailleurs, certains aliments augmentent le risque de fausse route :

– Les textures fragmentées : petits pois, semoule, riz sec.

– Les textures filandreuses : carottes, poireaux.

– Les textures mixtes : mélanges de solides et de liquides dans une même bouchée qui envoient des consignes contradictoires au cerveau et exigent certaine dextérité de déglutition.

Pour compenser les troubles, il est souvent utile de ralentir l’écoulement du liquide en l’épaississant. Néanmoins, il faut faire attention à ne pas surépaissir le liquide sinon la personne âgée n’a plus du tout l’impression de boire. En outre, le maintien de textures semi-liquides permet, en elle-même,  une rééducation écologique de la déglutition. Il existe trois niveaux d’épaississement possibles : type nectar comme le jus d’abricot ou de tomate ; type yaourt à boire ; enfin, type compote. 

A savoir : à la fin du repas, il y a davantage de de risques de fausse route car la personne âgée est plus fatiguée. Il y a donc tout intérêt à fractionner les prises alimentaires et à multiplier les
collations.  

Laure Martin


 


Pour plus d’informations

La commission gériatrique du Comité de liaison alimentation nutrition central de l’AP-HP a élaboré des recommandations de bonnes pratiques en matière de détection et de prise en charge des troubles de la déglutition chez le sujet âgé hospitalisé. Elles sont téléchargeables sur le site du réseau Limousin nutrition (Linut) (www.linut.fr).


 

 

 

Cœur de métier  /  soins

 

Soins dentaires aux seniors : un colloque plus que jamais singulier

 

La prise en charge de patients âgés impose de tenir compte de paramètres sociologiques, physiologiques et personnels qui, par essence, leur sont propres. C’est tout le sens de l’intervention du Professeur Sylvie Montal au récent Congrès de l’Association dentaire Française (ADF), lors de la séance sur « La prise en charge de nos aînés en pratique quotidienne ». Un éclairage intéressant pour les équipes soignantes des établissements afin qu’elles soient à même de mieux comprendre la spécificité des soins dentaires administrés à leurs résidents.

 

Personne âgée : le vocable a l’air anodin. Il ne l’est pas. Tout à leur rigueur statistique, les démographes regroupent dans cette catégorie fourre-tout les +de 65 ans. Ce qui, médicalement, « ne correspond à rien, assure Sylvie Montal, chirurgien-dentiste à Montpellier. Entre 65 et 95 ans, il y a autant de différence qu’entre un ado et un adulte mature. C’est une population dont les membres n’ont souvent rien à voir les uns avec les autres. » Seule certitude : la part de cette classe d’âge, qui représente actuellement 17 % de la population française, va augmenter au sein de la patientèle des cabinets dentaires. Et ce, alors que dans le même temps, la société valorise tout ce qui jeune, sans rides et avec des dents blanches.

 

« Border les désirs »

Un constat paradoxal qui impacte de plus en plus directement l’activité des chirurgiens-dentistes, lesquels doivent tenir compte de patients extrêmement soucieux de leur image et mus par la peur de (mal) vieillir. Au point que, parfois, la frontière entre ce qu’il est possible de faire et souhaitable de ne pas faire sur un strict plan médical est ténue. « Ces gens veulent ce qu’il y a de mieux, notamment à tout prix une prothèse fixe car quelque chose d’amovible signifie que lorsqu’on l’enlève le soir, on redevient ce que l’on est. C’est un piège pour le chirurgien-dentiste, admet Sylvie Montal. Ils sont très exigeants et attendent beaucoup de lui, voire trop. Or, on ne va pas leur rendre leur jeunesse. Il faut donc border leurs désirs. » D’autres, au contraire, souvent plus fragiles, ont des ambitions plus modestes : que les soins dentaires leur permettent de continuer à bénéficier d’un certain confort, en particulier lors de la mastication. Là, point de tout céramique, de rebasage ou d’implantologie mais plutôt des solutions simples (couronnes sans attachement etc.).

Outre les aspirations de ses patients, le praticien est confronté à une multiplicité d’éléments à prendre en compte qui l’obligent à individualiser et à moduler au maximum la prise en charge. Une contrainte d’autant plus forte que le vieillissement touche chaque individu de manière différente. La notion de parcours de vie (niveau de vie, pénibilité de la profession exercée, exposition à des éléments environnementaux nocifs…) est essentielle et détermine en partie l’état buccal des personnes âgés. Or, « il faut appréhender tout cela quand on met en place une reconstruction prothétique ou simplement des soins, assure Sylvie Montal. On peut pratiquement lire l’histoire d’une vie dans la bouche d’un patient. »

 

« Des modifications salivaires aux répercussions multiples »

Une prise en charge bucco-dentaire optimale implique donc d’évaluer la situation au cas par cas dans la mesure où le retentissement des processus de vieillissement au niveau de la cavité buccale modifie l’approche thérapeutique. Ce qui n’exclut pas certaines constantes, rappelle Sylvie Montal : « Le grand problème, c’est la prise de médicaments, surtout ceux employés en gériatrie, qui vont modifier le flux salivaire et la qualité de la salive. Or, ces modifications salivaires ont des répercussions multiples comme la difficulté de supporter une prothèse, de se nourrir etc. » De même, le vieillissement du système nerveux et cérébral a-t-il un impact au niveau de la cavité buccale avec, à la clef, une modification de la proprioception et de la notion de goût. Cela peut également rendre insupportable le port d’une prothèse ou une petite usure d’une dent ou, au contraire, permettre une adaptation insoupçonnée.

L’ensemble de ces données module l’intervention du chirurgien-dentiste. Tout d’abord sur la forme. L’avancée en âge altère de plus en plus fréquemment les facultés mentales et entraîne des problèmes de compréhension dans le cadre de la relation au soin. Sans compter, parfois, plus simplement, des problèmes de déficience auditive. Le praticien peut donc être amené à écrire et/ou à dessiner pour rendre son propos plus explicite. Par ailleurs, avant de mettre un œuvre un protocole important, il doit identifier la motivation de son patient. Il est également instructif d’évaluer, en la testant, jusqu’où peut aller la patience et la faculté d’adaptation dans la cas où un traitement conséquent est envisagé.

 

Anticiper les effets futurs du vieillissement

Sur le fond ensuite. Il convient d’opter pour des plans de traitement pérennes et adaptés à l’avancée en âge, éventuellement marquée par une perte d’autonomie. Ainsi, pour un patient atteint de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce, il faut se concentrer sur l’essentiel, soigner les foyers infectieux, retirer les dents douteuses et opter pour des solutions simples à l’entretien, d’autant que l’on ne connaît pas la rapidité à laquelle la maladie évoluera.

L’objectif est en effet que le patient et/ou son aidant puissent maintenir une santé buccale minimale. Il s’agit donc de faire utile plutôt qu’esthétique. Pour les dernières dents maxillaires et mandibulaires, par exemple, mieux vaut privilégier une prothèse partielle avec des crochets que l’on peut enlever et remettre sans difficulté et qui facilitera les soins conservateurs qu’une prothèse fixe.

Cette anticipation doit concourir à satisfaire une priorité : éviter les carences alimentaires (dues par exemple à un appareil inadapté) ou les foyers infectieux (fistules). Sous peine de déclencher un engrenage fatale : ne plus manger de viande, de poisson etc. parce que les fibres se coincent et de plus en plus s’alimenter à base d’aliments trempés au risque de glisser vers la dénutrition, laquelle fait le lit de la dépendance.

 

Savoir ne rien faire

L’enjeu commande donc le plus grand pragmatisme, le mieux pouvant s’avérer ici l’ennemi du bien. « Parfois, il faut savoir ne rien faire, suggère Sylvie Montal. Il y a par exemple des ancrages radiculaires que l’on ne peut plus réaliser. D’ailleurs, pour ce qui est de l’orthodontie, il faut faire des compromis et des cotes mal taillées même si l’alignement n’est pas parfait. L’important est qu’il y ait une occlusion stable et de ne pas laisser de trou. » L’objectif est d’éviter d’entrer dans un processus de délabrement de la cavité buccale. Avec une règle d’or encore plus prégnante pour les seniors : peser le bénéfice escompté de l’intervention au regard du risque encouru voire de l’absence de bénéfice pour le patient.  

Alexandre Terrini

 


Éducation et pédagogie

« L’hygiène est la pierre angulaire de tous les traitements », martèle Sylvie Montal. Pour cela, il est crucial de faire comprendre aux patients que les problèmes bucco-dentaires peuvent avoir un retentissement important sur leur santé globale dans la mesure où la bouche est un réservoir de germes susceptibles de contaminer et d’affaiblir l’organisme. Des études ont en effet montré que des patients souffrant de parodontopathies ont plus de chances d’être victimes de problèmes cardiaques. Le rôle du chirurgien-dentiste, en lien avec les personnels soignants des Ehpad, est donc à la fois de remobiliser un patient qui ne voudrait pas entreprendre certains soins au motif que son âge avancé ne le justifierait pas mais aussi de lui expliquer comment préserver au mieux ses dents.   


 


La brosse électrique, une aubaine

Contrairement à certaines idées reçues, cet accessoire, parfois décrié, peut d’avérer fort utile pour les seniors. « Je le prescris à des gens qui ont des fatigues musculaires. Cela leur permet par exemple de bien brosser la face linguale des incisives et de ne pas se fatiguer en effectuant un mouvement de brossage, justifie le Pr Montal. Il faut prescrire des brosses électriques légères. A titre personnel, je préfère qu’elles soient rotatives plutôt que vibrantes car elles sont moins agressives. Par ailleurs, les têtes doivent être souples. Enfin, il est important que le chirurgien-dentiste explique au patient comment l’utiliser et finalise en quelque sorte la prise en charge. »  


 

 

 

Cœur de métier – environnement

 

Le développement durable au cœur de la gestion des déchets

 

La démarche de gestion maîtrisée des déchets en Ehpad est aujourd’hui devenue un impératif. À cet égard, l’expérience du Groupe E4, composé de trois maisons de retraite dans la région de Montpellier – à Juvignac, Montferrier-sur-Lez et Pérols – et d’un service d’aide à domicile, livre de précieux enseignements.

 

Pourquoi s’engager dans une démarche de gestion de ses déchets ? « Parce que nous surconsommions et que nous nous sommes dit que cela ne pouvait pas continuer comme ça », explique Jean-Claude Tomas, cogérant du Groupe E4. Aussi, le groupe s’est-il engagé dans le développement durable en 2012. L’originalité de cette initiative est d’avoir réellement fédéré résidents, salariés et fournisseurs. « Cela a été une démarche collective et tout le monde y a adhéré immédiatement », confirme Michèle Tomas, cogérante. « Le respect des personnes et de l’environnement est au cœur de notre activité », renchérit Charlotte Cedo, Directrice générale du Groupe E4. La direction a privilégié un engagement progressif et ludique de manière à ce que les 182 résidents, les familles, la centaine de salariés et les prestataires partagent et soutiennent ce défi citoyen. Des journées d’éducation au développement durable et des animations à la sensibilisation au tri des déchets sont d’ailleurs organisées régulièrement au sein des trois résidences.

En 2012, le Groupe E4 a réalisé un audit déchets en collaboration avec l’agence d’accompagnement en développement durable en santé Primum non nocere. Cet audit, effectué au sein de chaque résidence, a été accompagné de nombreuses préconisations visant à réduire le volume des déchets jetés en DAOM (Déchets assimilés aux ordures ménagères) et en tri sélectif. Après deux ans de gestion des déchets visant à en réduire le volume et à la revaloriser, de nombreuses filières (piles, papier, carton, fermentescibles, radiographies, DEEE, linge des résidents, contenants chimiques, stylos, bouchons) ont pu être développées, portant ainsi à vingt-neuf les types de déchets triés dans chacun des établissements du Groupe E4. Toutes ces filières sont gratuites et à la disposition des résidents, des familles, des salariés et même des riverains.

Leur mise en place a permis de passer d’une collecte annuelle de 340 000 litres de DAOM à 260 000 litres environ, et ce sur chacun des établissements. L’assujettissement à la redevance spéciale (>3 000 litres par semaine) a également entraîné une réflexion sur l’optimisation du nombre et du volume des containers de DAOM et de tri sélectif mis à disposition par la communauté d’agglomération. Le coût direct de la redevance spéciale a quant à lui diminué de 66 % depuis 2012.

 

« Il est indispensable que tout le monde soit impliqué »

Dès son engagement dans le développement durable, le Groupe E4 a souhaité que l’ensemble de ses prestataires et de ses sous-traitants participent également à cette démarche, notamment concernant la gestion des déchets. Une charte de partenariat a ainsi été signée par l’ensemble de ces parties prenantes, les engageant sur dix thèmes. L’un d’eux est relatif à la gestion des déchets. Il engage le prestataire ou le sous-traitant à récupérer l’ensemble des déchets qu’il produit/livre au sein des résidences. Par exemple, la société qui fournit les produits de nettoyage s’engage à récupérer l’ensemble des contenants vides. Ces derniers sont ensuite traités dans le cadre d’une filière spécifique.

Par ailleurs, chaque année, lors de la semaine du développement durable, les résidences organisent une journée citoyenne lors de laquelle les enfants des centres de loisirs des communes voisines sont invités pour passer la journée avec les résidents. Divers sujets sur le développement durable sont alors abordés, notamment le tri des déchets, et ce, de façon ludique et adaptée au public.

Lors de la première journée citoyenne, organisée en 2012, le Groupe E4 avait souhaité tout d’abord sensibiliser les salariés, qui sont les acteurs majeurs de la démarche, au tri des déchets. Deux agents de l’agglomération de Montpellier, en charge de la gestion des déchets, sont donc venus enseigner les bons gestes, évoquer la réduction des déchets et informer les modalités de leur collecte. « Pour que la démarche soit comprise et appliquée par chacun, il est indispensable que tout le monde soit impliqué », insiste Charlotte Cedo.

Depuis 2012, un comité de développement durable est programmé avant chaque réunion du Conseil de la vie sociale. La gestion des déchets est alors au cœur des discussions. Familles, résidents et salariés proposent des solutions pour créer de nouvelles filières ou bien optimiser le tri des déchets. « Cette instance rencontre un véritable succès puisque chacun se sent concerné et peut émettre des propositions d’amélioration », souligne Charlotte Cedo.

 

Mettre en conformité l’organisation des déchets avec la réglementation

Dès son entrée dans la résidence, dans le cadre d’une procédure d’intégration et d’accueil mise en place par le groupe, le salarié est sensibilisé à la démarche de développement durable. Pour ce qui concerne les déchets, le tuteur en charge de son intégration l’informe sur les points de collecte de la résidence. Par ailleurs, une affiche située à l’entrée de chaque établissement répertorie l’ensemble des déchets triés et son lieu de stockage. Les établissements ont en outre adapté leur matériel pour répondre à l’exigence du tri des déchets. A titre d’exemple, les chariots des agents de service ont été équipés pour disposer d’une double poubelle : une pour les ordures ménagères et une pour le tri sélectif. Ce tri à la source, lors du nettoyage des lieux collectifs et des chambres des résidents, s’avère efficace puisqu’il permet au salarié de ne pas avoir à effectuer un tri à la fin. De même, chaque bureau administratif possède une bannette dans laquelle il dépose le papier blanc non utilisé. Et, afin de s’assurer que le tri est effectivement respecté dans les résidences, des audits continuent d’être organisés tous les ans, par l’agence Primum non nocere avec, à la clef, la remise d’un rapport. « Depuis le début de la démarche, les audits réalisés nous confirment que dans l’ensemble, les salariés s’impliquent fortement dans le tri des déchets », confirme Charlotte Cedo.

La multitude de déchets générés par un Ehpad nécessite une organisation formalisée et des filières d’élimination répondant aux exigences législatives et réglementaires. La mise en conformité de l’organisation des déchets avec la réglementation a donc été l’un des premiers objectifs à atteindre. Depuis 2012, chaque établissement dispose ainsi d’un registre des déchets, lequel répertorie l’ensemble des déchets dangereux et non dangereux de la résidence.

Dans ce registre, chaque collecteur de déchets fournit un bordereau de suivi lors de chaque récupération de déchets. Sur ce bordereau sont indiqués la date de collecte, la quantité de déchets récupérés, le nom du transporteur du déchet, le nom du prestataire qui traite le déchet ainsi que le traitement que va suivre le déchet.   

 


 

Comment mener à bien le tri des déchets
en établissement

– Réaliser un audit déchets pour connaître la production réelle de déchets et identifier clairement lesquels sont produits au sein de l’établissement.

– Mettre en place le plus rapidement possible les filières les plus simples pour les déchets les plus importants (papier et cartons notamment).

– Sensibiliser les salariés, les familles et les résidents à cette démarche sachant que les agents des collectivités territoriales sont formés et peuvent être sollicités pour diffuser l’information.

– Engager les fournisseurs eux-mêmes à réduire les déchets à la source, par exemple par le bais d’une clause qui peut-être imposée lors de l’appel d’offres.


 

 

Cœur de métier  }  prospective

 

La Fondation nationale de gérontologie liquidée, son important fonds documentaire menacé de destruction

 

L’unique fonds documentaire pluridisciplinaire sur le vieillissement existant en France est menacé de destruction. La Fondation nationale de gérontologie (FNG) a en effet été liquidée en décembre 2014 faute d’avoir trouvé les modestes financements qui lui faisaient défaut.

 

Aucune solution n’a été mise en œuvre pour la reprise de ce riche fonds documentaire qui reste donc stocké sans surveillance dans un immeuble, jadis financé par la FNG, mais qui appartient désormais à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Cet immeuble est promis à la démolition dans quelques mois.

La disparition, décidée par les pouvoirs publics, de la FNG a été actée dans une impréparation totale. De quarante-cinq ans d’action, il a été fait table rase. Rien n’a été mis en œuvre pour bâtir un projet alternatif plus en phase avec les besoins de la recherche et de la formation en gérontologie, tel un institut du vieillissement, souvent évoqué mais jamais réalisé. Cela est d’autant plus incompréhensible qu’une loi d’orientation et de programmation pour l’adaptation de la société française au vieillissement est en cours de discussion au Parlement. De plus, elle ne se limite pas à la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie puisque son ambition est plus vaste et vise à faire de la longévité et du vieillissement un atout pour la France. Dès lors que les questions sociétales sont au cœur du débat, il semble que les recherches fondamentales et appliquées en sciences humaines et sociales sont les mieux placées pour éclairer les décisions publiques. Comment comprendre que dans le même temps on laisse disparaître un instrument majeur de soutien à la recherche ?

200 000 euros sur quelques années suffiraient

Si le fonds documentaire venait à être dispersé ou détruit dans les prochains mois, ce serait une régression terrible infligée à la gérontologie française. Si aucune solution n’étaient rapidement concrétisée, ce seraient alors 2 829 mémoires, 1 035 thèses, 7 951 ouvrages, 5 031 numéros spéciaux de revues (300 titres) et autres fascicules, 160 actes de congrès publiés dans une revue, 2 567 communications à des congrès, 6 470 rapports et brochures divers, 600 dossiers thématiques, une médiathèque unique en France de 1 430 références qui disparaitraient.

Des millions d’euros de deniers publics ont été consacrés pendant quarante ans à constituer ce fonds et à accueillir chercheurs, formateurs et étudiants de tous pays. Quelque 200 000 euros sur quelques années suffiraient à assurer sa modernisation, sa valorisation et sa transformation en un système d’information performant sur le vieillissement, adapté aux besoins des chercheurs comme des professionnels, ainsi qu’aux impératifs de formation et d’enseignement, à l’aune de ce qui existe chez nos voisins européens.

Ce fonds est unique au monde en ce qu’il rassemble tous les travaux de recherche français menés depuis les années soixante en gérontologie sociale. Il a bénéficié en outre de dons de fonds privés provenant des pionniers de la gérontologie en France, notamment le Professeur Michel Philibert. Laisser disparaître ce fonds serait renoncer à l’effort de promotion et de valorisation de la recherche francophone au profit de la prééminence des travaux anglo-saxons dans ce domaine. Le site web de la FNG qui permettait l’accès aux bases de données n’est plus maintenu depuis mai 2014.

La communauté des chercheurs en sciences sociales et des enseignants et formateurs travaillant sur les questions de vieillissement s’est mobilisée pour sa sauvegarde. Deux rapports établis sur ce sujet ont été remis aux ministères concernés : Affaires sociales et Recherche. La solution de reprise la plus prometteuse serait l’intégration à terme du fonds au Grand ensemble documentaire (Ged) du futur Campus Condorcet. Ce campus de recherche et de formation en sciences humaines et sociales d’envergure européenne et internationale est en projet depuis 2008 à Aubervilliers. Le GED rassemblera les bibliothèques et les centres documentaires des membres fondateurs du Campus Condorcet (Institut national d’études démographiques, École des hautes études en sciences sociales, les Universités Paris 1, Paris 13 et École pratique des hautes études). Mais cela ne pourrait se concrétiser que dans plusieurs années pendant lesquelles la sécurité et la maintenance du fonds devront être assurées ainsi que sa modernisation.

Que trois mois, au plus, pour trouver une solution

Quelques réunions ont eu lieu avec les deux ministères mais aucune des pistes avancées n’a été durablement explorée. Des établissements publics d’enseignement et de recherche devaient se rencontrer fin janvier 2015 à ce sujet pour bâtir un projet partenarial de reprise mais aucun financement n’est en vue, ni de locaux susceptibles d’accueillir en urgence le fonds alors qu’il ne reste que trois mois, au plus, pour trouver une solution.

L’héritage de Pierre Laroque, fondateur de la Sécurité sociale comme de la FNG, est ainsi à l’abandon. L’absence d’action des tutelles renforce le récent constat de l’Inspection générale des Affaire sociales (Igas) selon lequel les plans Solidarité grand âge et Alzheimer ont, malgré des progrès, été insuffisants en matière de recherche et de formation universitaire. Elle trouve un écho dans le report à 2016 de la mise en œuvre de la future loi sur le vieillissement.

La communauté des chercheurs en sciences humaines et sociales et des professionnels en gérontologie a vainement œuvré pour éclairer la recherche de solutions. Elle alerte à nouveau les acteurs de la politique du vieillissement et les ministères chargés des Affaires sociales, de la Santé, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sur l’urgence d’une solution et d’un financement appropriés.   

Anne-Marie Guillemard 1


 La Fondation nationale de gérontologie, un monument en péril

La Fondation nationale de gérontologie (FNG), reconnue d’utilité publique, a été créée  à l’initiative des pouvoirs publics et des organismes de protection sociale en 1967. Elle est directement issue des recommandations du rapport Laroque intitulé « Politique de la vieillesse : rapport de la commission d’études des problèmes de la vieillesse » et publié en 1962 (réédité sous le même titre par L’Harmattan en 2014). Pierre Laroque, Conseiller d’État et père fondateur de notre protection sociale, en a été le premier président. Elle constituait un centre de ressources unique au niveau national par la richesse de son fonds documentaire sur toutes les questions relatives à la vieillesse et au vieillissement et sa vocation interdisciplinaire dans le cadre de laquelle tous les aspects du vieillissement – démographiques, psychologiques, sociaux, politiques et économiques – étaient abordés. De plus, en son sein, un véritable dialogue s’était instauré, à poids égal, avec les sciences médicales et les professionnels du secteur gérontologique à travers les journées d’études qu’elle organisait et ses publications.

La FNG a constitué, au fil du temps, un important fonds documentaire sur le sujet ainsi qu’une médiathèque qui sont aujourd’hui à l’abandon. Elle a également créé et animé une revue scientifique Gérontologie et Société. Cette dernière présente la spécificité d’être pluridisciplinaire et ouverte aux professionnels du secteur. La gestion de cette revue a été reprise par la Caisse nationale d’Assurance vieillesse (CNAV) et un nouveau comité de rédaction est en cours de constitution. Elle reparaîtra avant la fin de l’année 2015.


 

 

 

 

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