Comment rendre possible le « virage domiciliaire » pour la génération des baby-boomers en 2030-2040 ? Amélie Carrère, Delphine Roy et Léa Toulemon, économistes à l’Institut des politiques publiques (IPP), publient leur rapport intitulé Vieillir à domicile : disparités territoriales, enjeux et perspectives. Des investissements importants s’avèrent nécessaires, notamment si l’on souhaite permettre la vie à domicile d’une fraction plus importante qu’aujourd’hui des personnes âgées en perte d’autonomie.
Les auteures du rapport montrent que la prise en charge à domicile des personnes âgées devra être plus importante sur le plan quantitatif et plus adaptée sur le plan qualitatif. Aussi le recours aux aidants va nécessiter une politique de soutien active et une réflexion sur leur rôle. En effet, le rapport entre le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie et le nombre d’aidants potentiels pourrait évoluer. Les hommes âgés, notamment, seront de plus en plus nombreux à n’avoir ni conjoint ni enfant.
Selon les départements, le virage domiciliaire sera plus ou moins « serré ». En effet, leurs besoins de prise en charge des personnes âgées et les caractéristiques de leur population sont différents. L’offre est d’ailleurs déjà inégalement répartie sur le territoire.
La question des budgets des conseils départementaux est aussi au cœur de la prise en charge de la perte autonomie puisqu’ils financent une grande partie de ces dépenses. Se pose pour les départements la question de l’équilibre entre le nombre de bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et le montant moyen attribué à chacun. De plus, la revalorisation des aides à domicile fait progresser les coûts de l’accompagnement des personnes âgées à domicile.
Les auteures de ce rapport invitent donc à « penser ensemble les différentes échelles de la prise en charge de la perte d’autonomie, enjeu à la fois individuel, familial, local et national. Il rend également compte de la nécessaire articulation des différents acteurs (privés, publics, associatifs / sanitaires, sociaux et médico-sociaux), et de l’interdépendance entre prise en charge à domicile et en établissement ».
Enfin, « la réponse des politiques publiques au défi démographique des années 2030-2040 devra être d’une ampleur bien plus importante que ce qui a été fait dans la dernière décennie ».