Le récit de vie permet aux résidents en Ehpad de partager leur histoire, de gagner en estime de soi et de donner un sens au temps présent. Il répond par ailleurs aux exigences de personnalisation du projet de vie.
« Le récit de vie offre aux résidents à la fois la joie d’être dans une relation d’écoute attentionnée et l’opportunité de laisser une trace ». C’est ainsi que Zhor Tazi, conteuse et auteur de plusieurs récits de vie, résume les bienfaits de ses interventions en Ehpad. Autre répercussion positive : les résidents, en confiant leur histoire, retrouvent une identité. « Ils ne se sentent plus inutiles. Ce retour dans le passé leur permet de donner un sens au présent et de s’inscrire dans une continuité » explique l’auteur qui est aussi spécialisée en psycho gérontologie.
Les récits de vie peuvent prendre plusieurs formes : retranscription des témoignages, expositions d’objets, enregistrements vocaux… Pour Zhor Tazi, le plus important est « de laisser la personne décider d’exprimer ou de taire certains événements ». Il s’agit de trouver sa juste place, « avec bienveillance ». L’animateur doit instaurer une relation de confiance et respecter les secrets qui se dévoilent au fil des échanges.
Le récit répare
Souvent, le récit de vie permet au résident de restaurer des liens avec ses proches. Si la direction de l’Ehpad et les équipes s’approprient pleinement la démarche, la restitution du récit est un moment fort pour les professionnels. Chacun échange sur « les moments essentiels de la vie… Que l’on soit jeune et en blouse blanche ou très âgé et en fin de vie, ces sujets sont fédérateurs », insiste Zhor Tazi.
Des limites de financement ?
« Pour un livre, il faut compter 1500 euros », informe Marion Pécher, biographe, qui s’entend régulièrement répondre : « c’est trop cher ». Pour Zhor Tazi, « c’est avant tout une question de volonté et un choix de direction ». Preuve en est, plusieurs établissements ont déjà trouvé des solutions. C’est le cas de l’Ehpad Chastaingt (CHU de Limoges) qui a monté l’opération baptisée « La parole à… », permettant aux résidents de bénéficier d’un livre à partir de leurs récits. « Nous avons répondu à l’Appel à projets « Culture et Santé » mené par la DRAC, l’ARS et la Région » explique Maïté Belacel, référente de
l’établissement. « Grâce à cela, l’effort financier a été minime ». L’Ehpad a par ailleurs sollicité une association pour transporter une résidente qui souhaitait, dans le cadre de son récit, retourner dans son village natal. Pour Maïté Belacel, l’enjeu n’est pas financier. « Le plus important est de pouvoir consacrer du temps au projet ». Ainsi, même en faisant intervenir des biographes extérieurs, les équipes doivent s’investir dans la durée pour informer, accompagner et porter le projet auprès des résidents. « Cela demande une réelle mobilisation en interne. Au regard de l’impact positif des récits sur les résidents et les familles, les efforts sont largement récompensés », conclut-elle.
Laura KOLSKI